L'incertitude planait mardi sur l'acceptation par la Syrie d'un plan proposé par la Ligue arabe destiné à mettre fin aux violences dans le pays, Damas affirmant être parvenu à un accord avec la Ligue alors que celle-ci démentait avoir reçu une réponse.

«La Syrie et la Ligue arabe sont tombées d'accord sur un document final concernant la situation en Syrie. L'annonce officielle sera faite au quartier général de la Ligue arabe demain» (mercredi), a indiqué la télévision d'État syrienne. L'annonce a ensuite été confirmée par l'agence de presse officielle syrienne Sana.

«Le secrétariat général de la Ligue arabe n'a pas encore reçu la réponse officielle des frères en Syrie au document soumis par le Comité ministériel» dimanche, a toutefois répliqué le vice-secrétaire général de la Ligue, Ahmed Ben Helli, mardi soir sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya.

«Selon mes informations, la délégation syrienne rendra sa réponse officielle demain lors de la réunion» extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe au Caire, a-t-il poursuivi.

L'initiative de la Ligue arabe prévoit un «arrêt immédiat» de la violence et le «retrait des chars» afin «d'adresser un message rassurant à la rue syrienne», avant l'amorce d'un «dialogue national».

Le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a indiqué de son côté avoir «vu les informations» venues de Damas concernant un accord, mais n'être «pas en mesure de les vérifier pour l'instant».

«Nous saluons tout effort de la communauté internationale destiné à convaincre le régime Assad de mettre fin aux violences», a précisé M. Carney, tout en ajoutant que les États-Unis pensaient que le président Bachar al-Assad «est illégitime et devrait quitter le pouvoir».

Damas, qui devait initialement donner sa réponse lundi, l'a repoussée, son chef de la diplomatie Walid Mouallem ayant demandé au Qatar, à la tête de la délégation ministérielle de la Ligue, des modifications du plan.

Le représentant syrien à la Ligue arabe, Youssef Ahmed, a assuré que la Syrie considérait «positivement la dernière proposition, élaborée au Qatar» dimanche lors d'une réunion entre M. Mouallem et la délégation.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a pour sa part estimé qu'un «terrain d'entente» avec les Syriens s'était dégagé à Doha, selon ses propos rapportés par l'agence APS.

Mais certains diplomates étaient sceptiques: «M. Assad espère encore s'en sortir avec la solution sécuritaire en mettant en avant que la situation en Syrie est différente de la Libye, en insistant sur le fait que des secteurs importants de la société syrienne soutiennent toujours le système», ont affirmé à l'AFP ces diplomates sous couvert de l'anonymat.

«La réponse de la Syrie risque d'être 'oui mais...', une des manoeuvres (de Damas) pour gagner du temps», ont-il poursuivi.

Le ministre émirati des Affaires étrangères a souligné que les Arabes ne voulaient pas d'«internationalisation» de la crise syrienne: «Nous voulons aider nos frères syriens à régler cette question dans le cadre arabe», a dit cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyane.

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, allié de longue date de Damas, a réaffirmé également son opposition à une intervention militaire, à l'instar de l'opération de l'OTAN en Libye, assurant que son pays «ne permettra pas qu'une chose pareille se produise en Syrie».

Depuis le début du mouvement de contestation, violemment réprimé par les autorités de Damas, plus de 3000 personnes ont été tuées, selon l'ONU. Le régime de Damas ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et attribue les violences à des «gangs terroristes».

Sur le terrain, des milliers de Syriens ont manifesté leur soutien au président Bachar al-Assad dans l'est du pays, au moment où la répression se poursuivait avec la mort de trois civils et l'arrestation de dizaines de personnes.

Un officier et un soldat de l'armée régulière ont par ailleurs été tués par balles lors d'une embuscade tendue par des déserteurs présumés dans la région d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Enfin, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis, a exprimé des craintes concernant le sort de plusieurs journalistes et blogueurs syriens ayant disparu.

«Nous sommes inquiets pour la vie de Lina Ibrahim, Waël Abaza et Hussein Ghrer, ainsi que pour d'autres journalistes que nous croyons détenus par les autorités syriennes», a affirmé Mohamed Abdel Dayem, coordinateur du programme Moyen-Orient du CPJ.