Des milliers de manifestants ont défilé vendredi pour soutenir l'opposition au régime du président Bachar al-Assad en Syrie, où neuf civils ont été tués par balle, selon des militants.

Trois civils ont été tués à Douma, un autre à Zabadani, deux villes proches de Damas, et un dans la région de Jisr al-Choughour (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Quatre autres, dont deux hommes âgés, ont péri sous les balles des forces de sécurité à Homs (centre), où au moins 25 personnes ont été blessées, d'après la même source.

À Damas, l'opposant et ancien député syrien Riad Seif a été hospitalisé après avoir été battu par des agents de sécurité devant la Mosquée al-Hassan dans le quartier Midane, ont indiqué les comités de coordination locaux (LCC) qui chapeautent les manifestants.

Des manifestations appelant à la chute du régime «ont eu lieu dans la plupart des quartiers de Homs», un des foyers de la contestation contre le régime, où des tirs nourris et des explosions étaient entendus depuis la mi-journée, ont indiqué les militants.

Dans le quartier de Qourabeyd, à Homs, les manifestants ont brandi leurs chaussures, un signe d'irrespect dans le monde arabe, devant des photographies du président syrien, dont le visage était barré d'une croix, selon une vidéo diffusée sur YouTube.

À Deraa (sud), des milliers de personnes ont piétiné des drapeaux géants de la Russie et de la Chine, qui ont opposé mardi leur veto à un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression menée par Damas. Les manifestants scandaient «Liberté pour le peuple syrien» et «Le peuple veut le départ du président», selon une autre vidéo.

À Deir Ezzor (est), les tirs résonnaient dans plusieurs rues où des centaines de manifestants étaient sortis après la prière musulmane hebdomadaire.

En outre, les forces de sécurité ont tiré pour disperser une importante manifestation à Maaret al-Noumane, dans la région d'Idleb, près de la frontière turque, blessant cinq personnes, selon l'Observatoire.

L'OSDH a fait état d'un «important déploiement d'agents de sécurité» qui ont pris d'assaut une mosquée où des manifestants s'étaient réfugiés après avoir appelé à la chute du régime et exprimé leur soutien au Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition.

Les militants pro-démocratie avaient appelé via Facebook les Syriens à manifester sous le slogan «le Conseil national syrien est notre représentant, à moi et à toi et celui de tous les Syriens».

Né fin août à Istanbul, le CNS réunit la majorité des courants politiques opposés au régime, notamment les Comités locaux de coordination, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans, interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens. Il doit se réunir samedi au Caire, notamment pour se doter d'une direction.

Dans le même temps, la Syrie était la cible à Genève de nombreuses critiques devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU dans le cadre de l'examen périodique universel (EPU).

Plusieurs pays occidentaux, ainsi que le Brésil, ont demandé à Damas d'autoriser l'entrée sans entraves de la commission d'enquête internationale indépendante chargée en août par l'ONU d'enquêter sur les violations des droits de l'homme.

Plus de 2900 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début mi-mars d'une insurrection populaire violemment réprimée par le régime, selon l'ONU.

De son côté, le président russe, Dmitri Medvedev, dont le pays est l'allié de Damas, a estimé pour la première fois que le régime de M. Assad devrait «partir» s'il ne menait pas les «réformes indispensables».

«Nous travaillons activement avec les dirigeants syriens pour qu'ils procèdent aux réformes indispensables», a-t-il déclaré.

«Si ces dirigeants ne sont pas capables de mener ces réformes, ils doivent partir, mais c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'OTAN ou à certains pays européens», a ajouté M. Medvedev.

Moscou a affirmé avoir opposé son veto au projet de résolution condamnant Damas au nom du refus des ingérences et de crainte de voir se répéter le scénario de l'intervention occidentale en Libye.

187 enfants tués

Au moins 187 enfants ont été tués depuis le début de la répression en Syrie, a indiqué vendredi le Comité des droits de l'enfant de l'ONU.

Le comité, qui a clos vendredi les travaux de sa 58e session, a exprimé sa «vive préoccupation au sujet de rapports réguliers, crédibles et corroborés selon lesquels de graves violations des droits des enfants ont été commises depuis le début de la révolte en mars 2011», indique le comité dans ses conclusions.

Il cite ainsi «des arrestations arbitraires, des assassinats d'enfants durant des manifestations, des actes de torture et des mauvais traitements».

Lors d'une conférence de presse, le président du comité, le Suisse Jean Zermatten, a déploré la situation.

Il a expliqué qu'à la date du 22 septembre, le comité disposait d'une liste d'au moins 187 enfants tués.

«Cette liste était une liste de 187 enfants au moins qui avaient été tués», a-t-il affirmé, indiquant que ces chiffres provenaient du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, du Conseil des droits de l'homme ainsi que d'ONG.

Les violences ont eu des «effets directs» sur les enfants, à travers le non-respect du droit à la vie, les arrestations et détentions, mais aussi des «effets indirects», en raison notamment de la disparition ou du décès des membres de leur famille ou encore des difficultés d'accès à l'éducation, a-t-il ajouté.

Dans ses conclusions, le Comité demande aux autorités syriennes de prendre des «mesures immédiates pour stopper l'utilisation excessive et meurtrière de la force à l'encontre des civils et de prévenir toute nouvelle violence à l'égard des enfants».

La répression du mouvement de contestation a fait, selon l'ONU, plus de 2900 morts depuis le 15 mars en Syrie.