Deux manifestants ont été tués samedi en Syrie, où le ministère de l'Intérieur a mis en garde contre toute manifestation sur les places publiques à Damas, à la suite d'un appel en ce sens lancé sur Facebook.

Le chef de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi, va se rendre en urgence à Damas porteur d'«une initiative pour résoudre la crise» en Syrie, selon un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche au terme d'une réunion extraordinaire des chefs de diplomatie arabes.

Le communiqué ne précise ni la teneur de cette initiative, ni la date du départ de M. El-Arabi pour Damas.

Les deux manifestants ont été tués samedi matin dans un quartier périphérique de Damas et à Kafar Nabel, dans le nord-ouest du pays, lors de manifestations qui ont suivi les prières, ont annoncé des militants des droits de l'Homme.

La contestation sans précédent qui vise depuis plus de cinq mois le régime du président Bachar al-Assad a touché les principales localités de Syrie, mais n'a jusqu'à présent pas atteint Damas et Alep, les deux plus grandes villes du pays, à l'exception de manifestations de petite envergure dans certains quartiers.

Mais un appel posté sur Facebook, l'un des vecteurs les plus utilisés pour appeler aux manifestations, propose désormais de se rassembler pour un «tremblement de terre de Damas», suscitant l'inquiétude du régime.

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a demandé samedi aux «citoyens» de ne pas «participer à des manifestations et des rassemblements sur les principales places publiques de Damas», «afin de protéger leur sécurité».

Outre les deux morts, les organisations syriennes de défense des droits de l'Homme ont fait état de 17 blessés, dont l'imam de la mosquée al-Rifaï, dans le quartier de Kafar Sousseh, à l'ouest de Damas.

La répression en Syrie avait fait onze morts civils vendredi, selon les ONG. Le bilan s'élève à plus de 2.200 tués depuis mars, selon l'ONU.

Principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran ont indiqué samedi se soucier de la situation, sans toutefois désavouer le régime.

Moscou a annoncé l'envoi lundi à Damas d'un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov qui s'est déjà entretenu de la situation en Syrie avec l'ambassadeur syrien à Moscou, selon l'agence Itar-Tass.

La Russie a engagé un bras de fer avec les Occidentaux vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU, en présentant un projet de résolution sur la Syrie éliminant les sanctions contre Damas prévues par les Européens.

Moscou, qui se contente d'appeler le président Bachar al-Assad à accélérer les réformes, a laissé entendre qu'il pourrait opposer son veto à toutes sanctions.

Le projet européen, présenté par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal et soutenu par les États-Unis, appelle à un gel des avoirs financiers de Bachar al-Assad et de son entourage et à un embargo sur les armes.

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a estimé samedi que le gouvernement syrien devait répondre aux «revendications légitimes de son peuple», tout en mettant en garde contre un «vide politique» en cas de chute du président Bachar al-Assad.

Le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà appelé mercredi le gouvernement syrien à trouver avec ses opposants «une solution, loin de la violence» qui selon lui «sert les intérêts des sionistes».

Par ailleurs, États-Unis et Israël se s'inquiètent d'un arsenal d'armes chimiques qu'ils soupçonnent Damas de détenir, dont du gaz moutarde et du sarin, de peur que des groupes terroristes profitent de la révolte actuelle pour s'en emparer, a indiqué le Wall Street Journal

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, dont le pays est milite «à la pointe» pour des sanctions contre le régime, a concédé qu'une «intervention militaire» n'était «évidemment pas envisageable aujourd'hui, car il faut tenir compte de la situation régionale et internationale du dossier syrien».