Le président syrien Bachar al-Assad a reconnu que les forces de l'ordre avaient commis «quelques erreurs» dans la première phase de la répression du mouvement de contestation de son régime, devant des diplomates de pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Bachar al-Assad «a reconnu que quelques erreurs avaient été commises par les forces de l'ordre dans la première phase des violences et indiqué que des mesures avaient été prises pour éviter qu'elles ne se reproduisent», a affirmé la mission indienne à l'ONU.

Un diplomate indien, ainsi que de hauts responsables des ministères sud-africain et brésilien des Affaires étrangères, se sont rendus à Damas pour «appeler à la fin des violences» et y ont rencontré le président syrien.

Devant les trois diplomates, Bachar al-Assad a souligné son «engagement envers le processus de réformes, dont l'objectif est d'ouvrir la voie à une démocratie multipartite», selon un communiqué.

Selon des organisations de défense des droits de l'homme, 2000 personnes auraient été tuées depuis le début de la sanglante répression.

Mercredi, le sous-secrétaire général Oscar Taranco a rendu compte au Conseil de sécurité de la situation sur place, comme le stipulait la déclaration sur la Syrie adoptée la semaine dernière par le Conseil de sécurité.

Selon plusieurs diplomates, M. Taranco a rapporté lors de cette réunion à huis clos des exécutions sommaires et des défections de soldats.

Les puissances occidentales, pour maintenir la Syrie sous pression, souhaitent une nouvelle réunion sur le sujet la semaine prochaine avec des responsables des Nations unies chargés des droits de l'homme.

Dans le cas où la teneur de leurs propos serait la même que celle de M. Taranco, les diplomates britanniques, français, allemands et portugais estiment que des «actions supplémentaires» seraient appropriées.

Selon Philip Parham, l'ambassadeur britannique adjoint, M. Taranco a décrit de «choquantes violations des droits de l'homme». Selon lui, le régime syrien ne semble pas disposé à écouter les appels de la communauté internationale.

«Si le régime syrien persistait à ignorer ces demandes de la communauté internationale (...), alors nous devrons envisager les moyens d'accroître la pression» sur Damas, a jugé Martin Briens, le représentant permanent adjoint de la France à l'ONU.

Après la réunion, l'ambassadrice américaine Susan Rice a assuré que des milliers d'innocents avaient été «tués de sang froid».

Elle a expliqué que les Etats-Unis et les pays européens comptaient «mettre une pression supplémentaire sur le régime syrien».

Mais son homologue russe Vitali Tchourkine a jugé les appels américains à des sanctions peu utiles.

«Nous appelons à la retenue, aux réformes et au dialogue», a dit M. Tchourkine.

De son côté, l'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar Jaafari, a assuré que 500 membres des forces de l'ordre avaient été tués par des manifestants depuis la mi-mars.

Il a ensuite comparé la situation dans son pays aux émeutes qui secouent la Grande-Bretagne. «Il est très révélateur et instructif d'entendre le Premier ministre britannique parler des émeutiers en leur accolant le terme de +bande+», a dit M. Jaafari.

«On ne nous autorise pas à utiliser le même terme pour les groupes armés et terroristes dans mon pays. C'est de l'hypocrisie, c'est de l'arrogance», s'est-il échauffé.

L'ambassadeur britannique adjoint a qualifié ces propos de «franchement aberrants».