L'ancien président de l'Égypte Mohammed Morsi subira un procès pour avoir insulté le système judiciaire égyptien et accusé ses membres de répandre la haine, a rapporté, dimanche, l'agence de presse officielle du pays.

Il s'agit de la quatrième action en justice à être déposée contre le président déchu, qui a été renversé en juillet par l'armée à la suite de plusieurs manifestations monstres réclamant son départ.

M. Morsi est aussi accusé d'avoir organisé des évasions de prison durant le soulèvement de 2011, comploté avec des groupes militants étrangers pour déstabiliser l'Égypte et incité ses partisans à assassiner ses opposants. Le procès pour cette dernière accusation est le seul à avoir commencé.

Vingt-quatre politiciens, personnalités médiatiques, activistes et avocats reçoivent les mêmes accusations, pour avoir insulté le système judiciaire en public, à la télévision ou sur les réseaux sociaux, au cours des trois dernières années. Parmi eux, on compte quelques-uns des jeunes activistes les plus en vue de l'Égypte, dont Alaa Abdel-Fattah, l'ancien législateur Mostafa el-Naggar, l'ancien député libéral Amr Hamzawy et l'avocat en droits civils Amir Salem.

D'autres prévenus sont des figures qui s'opposaient aux Frères musulmans de M. Morsi, dont le présentateur Tawfiq Okasha, reconnu pour vilipender les groupes révolutionnaires, l'armée et les Frères musulmans.

Les accusés sont passibles de six mois de prison, d'une amende, ou des deux.

L'avocat Ahmed Seif considère que cette poursuite est un test à la Constitution du pays tout juste adoptée, cette semaine, à la suite d'un référendum national. La nouvelle Constitution exclut les peines d'emprisonnement pour des dossiers de diffamation.

«Cela place déjà la société en état de contradiction, puisqu'un article de la charte contredit une loi existante. Que fait-on?», a demandé M. Seif.

La charte précise toutefois que la loi devrait réguler la sentence si l'acte de diffamation implique une incitation ou l'insulte d'individus.

La nouvelle accusation contre Mohammed Morsi découle d'un discours qu'il a donné lorsqu'il était président et durant lequel il a accusé un juge d'avoir supervisé des activités frauduleuses au cours des précédentes élections. Le juge en question supervisait alors des accusations de corruption contre d'anciens dirigeants du gouvernement. Selon le renvoi judiciaire, le discours de M. Morsi aurait influencé le travail des juges et des témoins.