Le vice-président égyptien par intérim Mohamed ElBaradei a appelé vendredi à un arrêt des violences dans le pays puis à des pourparlers avec les Frères musulmans et les autres soutiens du président déchu Mohamed Morsi.

Ces propos, tenus dans une interview au Washington Post, ont été publiés au lendemain de propos du secrétaire d'État américain John Kerry soutenant la destitution de M. Morsi par l'armée il y a un mois.

Cette déclaration a déclenché la fureur des Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, et alimenté les rumeurs d'une intervention imminente de la police contre ceux qui occupent deux places du Caire.

«Ce que nous devons faire en premier lieu est, bien sûr, de faire en sorte que la violence cesse», a indiqué au quotidien américain le prix Nobel de la Paix et ancien négociateur de l'ONU sur les questions nucléaires.

«Une fois que cela sera fait, nous devrons immédiatement ouvrir le dialogue pour nous assurer que les Frères musulmans comprennent que M. Morsi a échoué. Mais cela ne veut pas dire que les Frères musulmans doivent être exclus» du processus politique, a précisé M. ElBaradei.

«Ils doivent continuer à faire partie du processus politique, ils doivent continuer à participer à la réécriture de la Constitution et à présenter des candidats pour les élections parlementaires et présidentielle», a-t-il insisté.

Plus de 250 personnes ont été tuées ces dernières semaines dans les violences qui secouent le pays. Mohamed Morsi a été destitué par l'armée le 3 juillet, à la suite de manifestations massives contre les Frères musulmans, que leurs opposants accusaient d'avoir accaparé le pouvoir et ruiné une économie égyptienne déjà exsangue. Dénonçant un coup d'État, les pro-Morsi occupent depuis plus d'un mois deux places du Caire mais la police a annoncé jeudi qu'elle se préparait à les en déloger.

Des dizaines de membres des Frères musulmans ont été emprisonnés depuis la destitution de M. Morsi, mais Mohamed ElBaradei considère la possibilité d'accorder l'immunité à ceux qui ne sont pas impliqués dans des crimes graves.

«Ils doivent coopérer. Mais ils doivent bien sûr se sentir en sécurité, ils ont besoin de l'immunité, ils ont besoin de sentir qu'ils ne sont pas exclus. Ce sont des choses que nous sommes prêts à leur fournir», a encore dit M. ElBaradei.

«Les gens sont très en colère contre moi car je dis: "Prenons le temps, parlons avec eux (les Frères musulmans)", a  confié le vice-président par intérim. «L'humeur actuellement est davantage: "Écrasons-les, ne discutons pas avec eux"».