Les forces de sécurité égyptiennes ont tiré des salves de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui leur lançaient des pierres dans plusieurs villes du nord du pays vendredi, où des milliers de personnes ont manifesté contre le président islamiste, Mohamed Morsi, et la confrérie des Frères musulmans dont il est issu.

Les manifestations surviennent après que des leaders religieux eurent annoncé cette semaine des décrets appelant au meurtre des leaders de l'opposition.

Munies de drapeaux égyptiens et de photos de manifestants tués, des milliers de personnes sont descendues dans les rues du Caire, d'Alexandrie, de Port-Saïd et de plusieurs villes du delta du Nil où la popularité des Frères musulmans s'érode.

«À bas le règne du Guide!», scandaient les manifestants, en référence au plus haut dirigeant des Frères musulmans, Mohammed Badie, qui, selon ses opposants, tire les ficelles du pouvoir en coulisse.

Au Caire, les manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir et devant le palais présidentiel, où de violents affrontements entre police et manifestants se sont produits la semaine dernière.

À Kafr el-Sheik, à 180 kilomètres au nord du Caire, la police antiémeute a tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants qui se rassemblaient devant le bureau du gouverneur Saad el-Husseini, membre des Frères musulmans.

À Alexandrie, des manifestants ont arraché une pancarte des Frères musulmans et l'ont brûlée devant le bureau de la confrérie, tandis que les forces de sécurité ont eu recours aux gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants devant le bureau du gouverneur.

À Tanta, au nord du Caire, les forces de sécurité ont également tiré des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui leur lançaient des pierres.

L'Égypte vit un nouveau cycle de violences depuis deux semaines, qui a commencé dans la foulée du deuxième anniversaire du renversement du dictateur Hosni Moubarak en 2011. Les multiples affrontements à travers le pays ont fait de nombreux morts et blessés.

L'opposition demande au président Morsi de former un nouveau gouvernement de coalition, d'ouvrir une enquête sur les meurtres de manifestants au cours du dernier mois et qu'il donne des garanties pour que les prochaines élections parlementaires soient libres et justes.

Ils réclament aussi la formation d'une commission pour abroger la nouvelle Constitution, élaborée à la hâte par une commission dominée par les islamistes et approuvée en décembre lors d'un référendum auquel seulement 32 pour cent des électeurs inscrits ont participé.

Mohammed Morsi et ses alliés accusent l'opposition de vouloir provoquer des troubles afin de prendre le pouvoir par la force.

Dans un communiqué publié vendredi, le porte-parole du parti Liberté et Justice, le bras politique des Frères musulmans, prévient l'opposition qu'elle sera tenue responsable de tout acte de violence durant les manifestations. Le porte-parole a qualifié les opposants de «perdants».