Des hommes armés et masqués circulant à bord d'un véhicule ont ouvert le feu lundi sur des manifestants qui campent sur la place Tahrir du Caire, blessant grièvement un jeune militant emprisonné et torturé sous l'ancien régime militaire. Un avocat proche du dossier a suggéré qu'il s'agissait d'une attaque ciblée.

L'avocat Tamer Gomaa a déclaré que le militant blessé était Muhanad Samir, âgé de 19 ans. Le jeune homme, qui a été atteint par plusieurs balles à la tête, lutte pour sa vie, selon Me Gomaa.

D'après l'avocat, des témoins ont reconnu les assaillants et les ont identifiés comme étant des agents de sécurité vêtus de tenues civiles. Des témoins ont déclaré que les assaillants s'étaient rendus sur la place Tahrir quelques heures avant l'attaque et avaient posé des questions sur Muhanad Samir et d'autres manifestants participant au «sit-in».

Un responsable de la sécurité a estimé que ces allégations n'avaient pas de sens, soulignant que certains témoins avaient dit que les assaillants étaient masqués. Ce responsable a réclamé l'anonymat parce qu'il n'était pas autorisé à s'adresser aux médias.

D'autres témoins ont affirmé que les assaillants avaient spécifiquement visé Muhanad Samir en lui tirant dessus à bout portant, a indiqué Me Gomaa. L'un des assaillants a récupéré les douilles des balles, dans une apparente volonté de ne pas laisser d'indices sur les lieux, a-t-il dit.

Muhanad Samir avait été témoin du meurtre d'un autre militant, son ami, lors d'une manifestation violente l'an dernier devant un édifice gouvernemental. Les manifestants dénonçaient alors les dirigeants militaires qui ont assumé le pouvoir entre le renversement du président Hosni Moubarak et l'élection du nouveau président Mohamed Morsi.

Le jeune homme avait reçu une balle à la jambe à l'époque. Il a été formellement accusé d'avoir attaqué des soldats et d'avoir vandalisé la propriété publique. Il a été libéré en octobre en attendant son procès.

Il a ensuite déclaré à un animateur de télévision qu'après avoir accusé les militaires d'avoir tiré sur son ami et lui, il se retrouvait maintenant dans la position de l'accusé. Il a affirmé avoir été torturé durant ses onze mois de détention et forcé d'admettre des actes de vandalisme.

Muhanad «sait qui a tué son ami. Il est le seul survivant et il venait juste de témoigner pour le procès le mois dernier», a dit Me Gomaa. «Il a le pouvoir de faire tomber certains membres de la police.»

Une autre attaque s'est produite au même moment lundi sur la place Tahrir. Un autre groupe d'assaillants a enlevé un militant qui participait à la manifestation et l'a battu avant de le libérer, selon un autre avocat, Haitham Mohammadein.

Mostafa Diab, âgé de 19 ans, a été grièvement blessé par les assaillants inconnus, qui sont arrivés sur la place Tahrir par des accès différents, mais en même temps, selon l'avocat. Après l'attaque, des manifestants en colère se sont lancés à la recherche des agresseurs et ont vandalisé un certain nombre de véhicules. Les manifestants semblaient dénoncer le manque de sécurité sur la place qui a été l'épicentre du soulèvement contre l'ancien régime.

Des célébrations étaient prévues en soirée sur la place Tahrir pour souligner le passage à la nouvelle année.