La campagne pour la présidentielle égyptienne s'est officiellement achevée lundi, à deux jours du début du scrutin au cours duquel les électeurs sont appelés à choisir un successeur à Hosni Moubarak dans un climat d'ouverture démocratique autrefois inimaginable.

Conformément aux règles, la douzaine de candidats ne peut plus apparaître à la télévision, donner des entretiens à la presse ou mener une quelconque activité publique qui pourrait influencer les 50 millions électeurs potentiels avant le premier tour, prévu mercredi et jeudi.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé un plan de sécurité massif pour assurer le bon déroulement de l'élection, notamment le transport des urnes vers les 351 centres de dépouillement du pays.

Un second tour est prévu les 16 et 17 juin au cas où aucun candidat n'obtiendrait la majorité absolue au premier.

L'ancien président américain Jimmy Carter, arrivé en Égypte à la tête d'une délégation du Centre Carter pour observer le déroulement des élections, a rencontré le chef du Parlement, Saad el-Katatni.

«L'Égypte est le théâtre d'une expérience démocratique sans précédent», a dit M. Katatni, membre de la puissante confrérie des Frères musulmans, cité par l'agence Mena. «Les Égyptiens accepteront le résultat des élections quel qu'il soit, tant qu'elles sont transparentes et représentent la volonté du peuple».

Selon les premiers résultats du vote des expatriés qui ont voté il y a quelques jours, le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, est arrivé en tête grâce au soutien massif de la communauté égyptienne en Arabie saoudite.

Il a recueilli 106 252 voix, devançant largement l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh (77 499 suffrages). Le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi est arrivé en troisième position (44 727) devant l'ex-chef de la diplomatie Amr Moussa et l'ex-premier ministre Ahmad Chafiq, issus de l'ancien régime.

Les candidats ont parcouru le pays en tous sens ces dernières semaines, multipliant les réunions, les débats publics et les conférences de presse pour chercher à convaincre les électeurs.

M. Morsi a lancé un avertissement contre toute tentative de «falsifier la volonté du peuple» comme du temps du régime de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en février 2011 par une révolte populaire.

L'armée, au pouvoir depuis son départ, avait promis un scrutin «100 % honnête» et assuré ne soutenir aucun candidat en particulier.

Les Frères musulmans, première force politique du pays et grands vainqueurs des premières législatives post-Moubarak, espèrent pouvoir accéder désormais au pouvoir exécutif.

Leur campagne a toutefois été marquée par de nombreux faux pas et revirements qui ont brouillé leur image dans une partie de l'opinion.

M. Aboul Foutouh, exclu des Frères musulmans en 2011, leur fait une rude concurrence en ayant le soutien d'une partie de la confrérie, des fondamentalistes salafistes, mais aussi de jeunes laïques.

MM. Moussa et Chafiq font campagne sur le thème du retour à la stabilité et à la croissance économique. Des promesses qui trouvent écho auprès de nombreux Égyptiens après une période de transition marquée par la crise et une insécurité accrue.

D'autres candidats ont mené une campagne active, mais avec beaucoup moins de moyens et espèrent créer la surprise, en particulier le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi, ou encore l'islamiste Selim al-Awa et le militant des droits sociaux Khaled Ali.

La mouvance des «jeunes de la révolution», à la pointe du combat pour la démocratie, n'a pas de candidat propre et est divisée sur le choix de celui qui pourra porter ses valeurs à la magistrature suprême.

L'armée a promis de remettre le pouvoir aux civils avant fin juin, une fois le nouveau président élu. Mais de nombreux analystes s'attendent à ce qu'elle continue de maintenir ses privilèges et de jouer un rôle, même de manière plus discrète.

L'armée appelle les Égyptiens à accepter le résultat des élections

Le Conseil militaire au pouvoir en Égypte a appelé lundi la population à accepter les résultats de la première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, dont le premier tour commence mercredi.

Dans un communiqué, le Conseil suprême des forces armées a souligné «l'importance d'accepter les résultats de l'élection qui reflèteront le choix du peuple égyptien libre». Près de 50 millions d'électeurs sont appelés à choisir le successeur de M. Moubarak mercredi et jeudi. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin.

La junte, présidée par le maréchal Hussein Tantaoui, pendant 20 ans ministre de la Défense de Hosni Moubarak, a affirmé qu'il était «extrêmement important» que les Égyptiens prennent part au scrutin, porteur de «l'espoir que le pays parviendra au progrès, à la prospérité et la stabilité».

Le président du Parlement, Saad al-Katatni, membre de la puissante confrérie des Frères musulmans, a affirmé que «l'Égypte était le théâtre d'une expérience démocratique sans précédent», selon l'agence officielle Mena. M. Katatni s'exprimait lors d'une rencontre avec l'ancien président américain Jimmy Carter, arrivé en Égypte à la tête d'une délégation du Centre Carter pour observer le déroulement de l'élection.

«Les Égyptiens accepteront le résultat des élections quel qu'il soit, tant qu'elles sont transparentes et représentent la volonté du peuple», a affirmé M. Katatni.