L'ancien président égyptien Hosni Moubarak a nié toute responsabilité pour la mort de près de 900 manifestants durant le soulèvement populaire de l'hiver dernier, selon une transcription d'un interrogatoire publiée jeudi par des médias égyptiens.

Poussé par les enquêteurs à expliquer la mort de manifestants, Hosni Moubarak a nié qu'une répression mortelle ait eu lieu dans les rues du Caire, en affirmant: «Notre peuple et notre sécurité sont ainsi».

M. Moubarak, âgé de 83 ans, est en détention dans un hôpital de Charm El-Cheikh, dans le Sinaï. Il fait face à des accusations voulant qu'il ait ordonné l'usage d'une force excessive contre les manifestants durant le soulèvement de 18 jours qui l'a forcé à démissionner, le 11 février. Depuis, il a rarement été entendu en public, et la transcription de son interrogatoire offre ses commentaires les plus détaillés jusqu'à maintenant sur les derniers jours de son long règne à la tête de l'Égypte.

Des responsables judiciaires ont confirmé à l'Associated Press, sous le couvert de l'anonymat, que les transcriptions publiées par les médias égyptiens sont exactes. L'avocat principal de l'ancien président, Farid El-Deeb, a déclaré à l'Associated Press qu'une partie du témoignage publié avait été fabriquée, mais a refusé d'élaborer.

La publication de l'interrogatoire survient au milieu d'une nouvelle vague de manifestations à travers le pays, dont un sit-in qui dure depuis une semaine sur la place Tahrir du Caire, épicentre de la révolution de l'hiver dernier. Les manifestants exigent notamment que soient jugés les responsables de la mort de civils lors du soulèvement.

Dans la transcription de l'interrogatoire, Hosni Moubarak paraît distant et totalement décalé par rapport à la violence de son régime.

Invité à expliquer pourquoi des manifestants ont été blessés et tués, il a répondu: «Je ne peux pas le dire exactement». Il a ensuite ajouté qu'il y avait une situation de chaos, les forces de sécurité et les manifestants s'attaquant mutuellement.

«Personne n'aurait prêté attention à moi ou à mes ordres», a-t-il dit quand les enquêteurs lui ont demandé pourquoi il n'a pas tenté de faire cesser les violences. Il a affirmé avoir clairement ordonné aux forces de sécurité de ne pas avoir recours à la force contre les manifestants.

M. Moubarak a affirmé que ses collaborateurs ne l'avaient pas informé de la gravité de la situation durant le soulèvement. Et il a semblé critiquer les agissements de l'armée qu'il a déployée dans les rues le 28 janvier après une journée d'affrontements meurtriers entre les manifestants et la police.

«J'ai demandé aux forces armées d'intervenir pour ramener la discipline dans les rues et pour assumer un rôle de sécurité (...) mais à cause de la nature de leur travail, ils n'ont pas pu gérer la situation et ils n'ont pas fait le travail tel que demandé.»

La transcription de l'interrogatoire a été publiée par deux journaux égyptiens indépendants, «Al-Youm al-Sabea» et «Al-Dustour».