La femme de l'ancien président égyptien a remis sa propriété et son argent à l'État, un geste destiné à mettre fin aux allégations de corruption portées contre elle, ont annoncé des responsables et des avocats lundi.

Hosni Moubarak et sa femme, Suzanne, ont été interrogés sur la façon dont ils ont acquis leur fortune. Certaines estimations avancent que les avoirs de M. Moubarak totaliseraient des dizaines de milliards de dollars.

Les poursuites contre les anciens responsables du régime, et notamment contre le couple Moubarak, sont l'une des principales demandes des militants qui ont mené le soulèvement ayant conduit à la démission de M. Moubarak, le 11 février.

En renonçant à ses avoirs, Mme Moubarak bénéficie d'une disposition de la loi qui permet aux personnes accusées de s'être enrichies illégalement de rendre leurs avoirs aux autorités en échange du retrait des accusations portées contre eux, a indiqué l'avocat Nasser Amin.

Le geste pourrait ouvrir la voie à des décisions similaires d'autres responsables du régime accusés d'avoir abusé de leurs pouvoirs, qui pourraient eux aussi conclure une entente avec l'État en remettant leurs avoirs.

Suzanne Moubarak, âgée de 70 ans, a été hospitalisée après avoir appris qu'elle serait placée en détention en lien avec les allégations voulant qu'elle ait tiré avantage de la position de son mari pour s'enrichir.

Hosni Moubarak, âgé de 83 ans, est lui aussi placé en détention à l'hôpital durant l'enquête sur ses agissements financiers. Il fait également face à des allégations selon lesquelles il aurait ordonné la violente répression contre les manifestants avant son renversement.

Selon un responsable de la poursuite, l'enquête menée par les enquêteurs anti-corruption a révélé que Suzanne Moubarak possédait environ 3 millions $US dans des comptes bancaires en Égypte, ainsi qu'une villa en périphérie de la capitale où son mari et elle vivaient. On ne connaît pas encore la valeur des avoirs du couple Moubarak à l'étranger.

Ce responsable, qui a requis l'anonymat, a indiqué que le dossier de Mme Moubarak n'avait pas été fermé, mais que cet accord diminuait son importance. Selon lui, la détention de l'ex-première dame pourrait être reconsidérée.

L'avocat Nasser Amin a estimé que l'accord était clairement un «compromis» pour permettre la libération de Mme Moubarak et pour satisfaire l'une des demandes des manifestants pro-démocratie, qui est de récupérer l'argent gaspillé par les membres de l'ancien régime.

Mais selon lui, certains Égyptiens pourraient être insatisfaits de la tournure des événements.

«La décision pourrait ne pas être acceptée par la société qui, après la révolution, s'est mise du côté de l'idée de revanche. Mais d'un point de vue juridique, c'est conforme.»