Les Égyptiens ont massivement voté «oui» au cours du référendum sur la révision de la Constitution, validant ainsi les projets de l'armée en vue d'une transition rapide vers un pouvoir civil élu, après la chute le mois dernier du président Hosni Moubarak.

Les résultats du vote organisé samedi donnent 77,2% aux partisans du «oui» et 22,8% à ceux du «non», selon les résultats officiels annoncés dimanche soir.

Ce référendum était le premier scrutin depuis le départ le 11 février de M. Moubarak, chassé du pouvoir par une contestation populaire sans précédent, et la remise de ses pouvoirs à l'armée.

Les tenants de cette réforme assurent que malgré son caractère limité elle suffit pour organiser le retour à un pouvoir civil après des élections législatives et présidentielle, conformément aux plans de l'armée qui prévoient un délai indicatif de six mois.

Ce vote constitue aussi une victoire pour le puissant mouvement des Frères musulmans, qui avait mis tout son poids en faveur de la réforme proposée par une commission de juristes, dont un membre de la confrérie islamiste, nommés par l'armée.

«Félicitations à l'Égypte. Nous allons tourner une page et entrer dans une étape nouvelle. C'est une victoire pour le peuple égyptien», a réagi le porte-parole des Frères, Essam al-Aryane.

Ce résultat constitue en revanche un revers pour les mouvements de jeunes issus de la révolte contre M. Moubarak et des personnalités comme le chef de la Ligue arabe Amr Moussa et l'opposant Mohamed ElBaradei.

Ces derniers réclamaient la rédaction d'une Constitution entièrement nouvelle, estimant que l'ancienne, même revue, n'offrait pas de garantie pour une démocratisation réelle du pays.

«Nous sommes maintenant aux portes d'une nouvelle étape au cours de laquelle les Égyptiens vont décider de la forme de leur Etat pour des décennies à venir. C'est pourquoi, et de manière immédiate, il faut arrêter d'échanger des accusations pour reprendre le travail afin de réaliser les objectifs de la révolution par la voie choisie par le peuple», ont dit les jeunes militants pro-démocratie sur leur page sur Facebook.

Ils ont aussi appelé leurs partisans «à respecter la volonté du peuple et son choix après cette opération démocratique que nous considérons comme historique dans la vie politique égyptienne».

Les amendements approuvés prévoient notamment de limiter la présidence à deux mandats de quatre ans (contre un nombre illimité de mandats de six ans) et assouplissent les conditions de candidature à la magistrature suprême.

Le recours à l'état d'urgence, imposé depuis le début du règne de M. Moubarak il y a trente ans et toujours en vigueur, doit être limité à six mois et ne peut être renouvelé que par référendum.

La presse a salué de manière unanime la mobilisation «record» des électeurs pour ce référendum qualifié «d'historique» avant même que ses résultats ne soient connus.

Le taux de 41% de participation -soit 18,5 millions de personnes sur 45 millions d'Égyptiens en âge de voter- est à comparer à l'abstention écrasante qui caractérisait les élections sous le régime autoritaire de M. Moubarak.

Plusieurs journaux ont toutefois relevé que ce vote avait été marqué par de forts clivages au sein de la population, en particulier entre les islamistes et la communauté chrétienne qui représente de 6 à 10% de la population.

En filigrane figure l'article 2 de la Constitution que la révision ne prévoit pas de changer et qui fait de l'islam la religion d'Etat, et des «principes de la loi islamique» la «source principale» de la législation.

«La division était politique, pas religieuse. Des musulmans ont voté oui, d'autres non, tout comme des chrétiens ont voté et d'autres non», a toutefois tenu à dire M. Aryane.