Le président yéménite a quitté l'hôpital saoudien où il était soigné depuis plus de deux mois, mais il poursuivra sa convalescence à Riyad, maintenant l'incertitude sur son éventuel retour dans son pays où il est vivement contesté par la rue, selon des sources saoudienne et yéménite.

«Le président yéménite a quitté l'hôpital militaire (samedi) soir à 21H00 (18H00 GMT) après avoir subi les soins nécessaires et il s'est rendu dans une résidence provisoire pour une période de convalescence», a déclaré à l'AFP un responsable saoudien.

Ce responsable, qui a requis l'anonymat, n'a donné aucune précision sur la durée de cette période de convalescence.

Une source yéménite bien informée à Riyad a confirmé la sortie d'Ali Abdallah Saleh de l'hôpital et son transfert dans un palais de la capitale saoudienne, excluant toutefois un retour proche du chef de l'État à Sanaa.

«Le président Saleh a effectivement quitté l'hôpital après une amélioration de son état de santé et il a été installé au Palais des Congrès. Mais il souffre toujours de problèmes aux jambes», a ajouté à l'AFP cette source sous couvert d'anonymat.

«Un retour de M. Saleh au Yémen est exclu pour le moment», a ajouté la même source, indiquant toutefois qu'«il est difficile de prédire ce qu'il pourra faire dans les prochains jours».

«Désormais tout est possible, le président étant connu pour ses manoeuvres imprévisibles», a poursuivi cette source.

Au pouvoir depuis 33 ans et très contesté par la rue au Yémen, M. Saleh avait été blessé dans une attaque à la bombe contre son palais à Sanaa le 3 juin et hospitalisé dès le lendemain dans la capitale saoudienne.

Plusieurs hauts responsables blessés dans l'attaque, dont le premier ministre Ali Mohammed Moujawar et le président du Majles al-Choura (conseil consultatif) Abdelaziz Abdelghani, sont toujours hospitalisés à Riyad, selon la même source yéménite.

«Le premier ministre, qui aurait dû quitter l'hôpital samedi, n'en sortira que dans deux jours, alors que le président du Majles al-Choura est maintenu dans un service des soins intensifs», selon la source.

Le vice-ministre yéménite de l'Information, Abdo al-Janadi, interrogé par l'AFP tard dans la nuit, n'a pas confirmé la sortie de M. Saleh de l'hôpital, indiquant laconiquement que «le président poursuivait ses traitements» à Riyad.

Il a ajouté, en réponse à une question, que «lorsque ses médecins l'autoriseront à rentrer au pays, il rentrera».

M. Saleh était apparu pour la première fois à la télévision le 7 juillet, le visage brûlé, recouvert de bandages. Trois jours plus tard, la télévision d'État a diffusé des images le montrant en meilleure forme même si les brûlures étaient toujours visibles sur son visage, recevant John Brennan, conseiller du président américain Barack Obama pour l'antiterrorisme.

Selon Washington, M. Brennan a demandé au président yéménite, un proche allié dans la lutte contre le terrorisme, de signer un accord sur un transfert du pouvoir élaboré par les monarchies du Golfe qu'il a refusé de parapher malgré de fortes pressions régionales et internationales.

Depuis l'hospitalisation de M. Saleh, le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi assure de facto l'intérim, mais n'a pas été désigné officiellement par le chef de l'État pour diriger le pays, théâtre depuis fin janvier d'un mouvement de protestation populaire réclamant son départ du pouvoir.

La répression de cette révolte a fait au moins 200 morts parmi les protestataires, qui réclament toujours le départ de M. Saleh.

Mais le président, dont le mandat court jusqu'en 2013, continue à s'accrocher au pouvoir alors que la violence gagne du terrain au Yémen sur fond d'affaiblissement de l'autorité de l'État.