Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes du Yémen, vendredi, pour exiger de nouveau le départ du président Ali Abdallah Saleh, dans une remarquable démonstration de détermination.

Dans le sud de pays en proie au chaos, les forces de sécurité ont affronté des insurgés près de l'une des nombreuses villes prises par les combattants d'Al-Qaïda, qui ont tiré avantage de l'instabilité pour étendre leur zone d'influence. Six soldats et cinq insurgés ont été tués, selon un responsable de la sécurité.

Dans la capitale, Sanaa, des milliers de personnes ont manifesté sous la protection d'une unité de l'armée qui s'est rangée du côté de l'opposition, empêchant des partisans du président de se réunir pour la prière près du camp des manifestants.

De l'autre côté de la ville, un petit groupe de partisans d'Ali Abdallah Saleh s'est rassemblé pour exprimer son soutien au président.

D'importantes manifestations ont aussi eu lieu à Taiz, Hodeida, Al-Mukalla et dans d'autres villes.

Le règne de M. Saleh, qui dure depuis 33 ans, fait face à une contestation sans précédent depuis six mois, même si le mouvement qui cherche à le renverser est dans une impasse avec le régime. Ali Abdallah Saleh est toujours président, même s'il a passé les deux derniers mois à l'extérieur du pays pour soigner les blessures qu'il a subies dans une attaque à la bombe contre le palais présidentiel. Il se maintient au pouvoir principalement grâce à ses alliés au sein des forces de sécurité. Son fils Ahmed commande la garde républicaine.

Les collaborateurs du président assurent qu'il rentrera au pays après la fin de son traitement en Arabie saoudite.

Un émissaire spécial de l'ONU au Yémen, Jamal Bin Omar a exhorté les politiciens yéménites à trouver un consensus pour sortir de l'impasse, soulignant la détérioration de la sécurité, de l'économie et de la situation humanitaire.

«Il est temps que tous les politiciens assument leurs responsabilités et parviennent à une solution rapide (...) qui réponde aux aspirations du peuple, incluant les jeunes, aussitôt que possible pour éviter une véritable crise», a-t-il dit.

Les manifestations de vendredi étaient les dernières avant le début du ramadan, le mois durant lequel les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil.

Un imam qui s'est adressé aux manifestants dans la ville d'Ibb, vendredi, a estimé que le mois sacré pourrait permettre une percée de l'opposition.

«Nous nous attendons à ce que pendant le ramadan, nos frères de la garde républicaine et de la sécurité centrale se joignent aux révolutionnaires pour terminer le renversement du reste du régime», a dit l'imam Abdel-Salam Al-Khadeiri.