Abdul Rahman et sa famille ont roulé toute la nuit dans une voiture de location pour tenter d'échapper aux attaques talibanes affectant des villages d'ethnie hazara du sud-est de l'Afghanistan.

Il a fallu 20 heures d'un voyage éprouvant à M. Rahman, 65 ans, pour arriver jeudi dans la capitale provinciale de Ghazni.

« Les gens ont quitté leurs maisons et fuient le district de Jaghori pour sauver leurs vies », a-t-il déclaré à l'AFP.  

« Dans notre zone, c'était la terreur absolue », a-t-il témoigné.

La famille de M. Rahman et des centaines d'autres ont été déplacées par les combats intenses qui opposent les talibans à des milices hazara et à des forces gouvernementales dans les districts jusqu'ici épargnés par les violences de Jaghori et Malistan.

Les déplacés ont trouvé refuge à Ghazni dans les mosquées, les hôtels ou chez des proches.

L'exode a décuplé en quelques jours le prix des locations de voiture à quelque 5000 afghanis (environ 70 dollars), déplore-t-il.  

Des milliers d'autres déplacés se sont rendus dans la province voisine de Bamiyan (centre), selon un porte-parole du gouverneur local, Abdul Rahman Ahmadi.

« Presque tous les gens de mon village (de Jaghori) ont fui », déclare Nasir Ali, 38 ans, qui est parti mardi pour Bamiyan avec sa famille.

Lui et d'autres hommes de son village avaient auparavant tenté plusieurs jours durant de défendre leurs maisons face aux talibans. Mais « la situation empirait de jour en jour et nous n'avions pas d'autre choix que de fuir », dit-il.

Les talibans, qui sont sunnites et dans leur grande majorité d'ethnie pachtoune, ont lancé leurs attaques sur Jaghori et Malistan il y a plus d'une semaine. La violence s'était propagée depuis la province voisine d'Uruzgan.  

Les Hazaras sont pour la plupart de confession chiite. Les combats actuels font craindre des violences à caractère ethnique et religieux, alors que les talibans attaquaient jusqu'ici principalement les forces de sécurité et les militaires étrangers présents en Afghanistan.

Les forces afghanes ont indiqué avoir renforcé leurs offensives dans la région et les Américains leur apportent un soutien aérien, y compris en matière de surveillance.

Des centaines de personnes, combattants des deux camps et civils, ont été tuées, selon des chiffres communiqués par des habitants et des sources gouvernementales. Mais les combats et le mauvais état des télécommunications rendent l'obtention d'informations précises difficile.

De nombreux Hazaras accusent le gouvernement d'échouer à les protéger. Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue à Kaboul cette semaine pour exiger l'envoi de renforts dans les districts hazaras attaqués.

Cette escalade dans les combats intervient sur fond d'échanges diplomatiques intenses en vue de convaincre les talibans de participer à des négociations de paix après 17 ans de guerre.