Au moins sept personnes ont été tuées et neuf blessées lundi à Kaboul dans un attentat-suicide visant un rassemblement de dignitaires religieux qui venaient de proclamer une fatwa contre le terrorisme moins d'une heure auparavant.

L'assaillant, qui s'est présenté à pied, s'est fait exploser avant l'entrée de la tente où se tenait cette «loya jirga» («grande assemblée» en langue pachtou) de milliers d'oulémas venus des 34 provinces, tuant et blessant essentiellement des civils, selon la police.

«Selon nos premières informations, sept personnes ont été tuées, dont un policier, et neuf blessées, dont deux policiers», a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police de Kaboul Hashmat Stanikzai.

«Les victimes sont principalement des habitants du quartier, mais il peut y avoir des invités de la conférence parmi elles», a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najib Danish, confirmant ce bilan «susceptible d'évoluer», a-t-il prévenu.

«Nous avions pris des mesures de sécurité, mais le kamikaze s'est présenté déguisé en invité, avant de se faire exploser», a-t-il poursuivi.

Les religieux s'apprêtaient à quitter les lieux quand l'attentat s'est produit, en fin de matinée dans l'ouest de la capitale afghane.

La tente avait été dressée à l'entrée des jardins de l'École Polytechnique, près de l'Université de Kaboul et derrière le complexe de l'Académie militaire.

Mais l'ensemble de la ville était entièrement paralysé par les bouchons juste après l'attaque, ont noté les journalistes de l'AFP.

L'opération n'a pas été immédiatement revendiquée, mais les talibans ont affirmé sur Twitter qu'ils n'étaient pas impliqués. D'après leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, «l'explosion de Kaboul n'a rien à voir avec nos moudjahidines».

La branche locale du groupe État islamique est également très active dans Kaboul, devenue le lieu le plus dangereux du pays pour les civils.

«Vers 11h30 (3h00 à Montréal), une attaque-suicide a visé le district PD5 où une réunion d'oulémas venait de prendre fin. L'attaque s'est produite à l'extérieur» avait précédemment déclaré Hashmat Stanikzai.

Une source de sécurité a confié à l'AFP que le kamikaze, qui avait attaché les explosifs autour de sa poitrine, a «déclenché sa charge dans la rue, près de l'entrée de la tente où les oulémas étaient rassemblés et ont délivré une fatwa contre le terrorisme et les attaques-suicides».

Alliés du gouvernement

Selon les médias locaux, au moins 3000 religieux avaient assisté à cette conférence. La fatwa venait d'être décrétée, en direct à la télévision, quand l'attentat s'est produit.

Les oulémas sont considérés comme des alliés du gouvernement afghan par nombre d'insurgés qui prétendent agir au nom de l'islam.

Un porte-parole du gouvernement a publié sur Twitter le contenu de la fatwa, un décret religieux déclarant «les attaques-suicides et les explosions contraires à l'islam et un péché majeur».

«Les guerres en cours en Afghanistan n'ont aucun fondement légal, seuls les Afghans en sont victimes. Elles n'ont aucune valeur religieuse ou humaine», précise le texte.

Plusieurs attentats ont secoué le pays depuis le début du ramadan, mi-mai, visant le plus souvent les forces de sécurité. Le ministère de l'Intérieur avait été ciblé la semaine dernière: un commando d'une dizaine de kamikazes se revendiquant de l'EI avait lancé une opération-suicide contre le vaste complexe, tuant un policier avant d'être abattu dès le franchissement du premier barrage.

Mais la cible était hautement symbolique.

Le même jour, les talibans avaient revendiqué l'attaque d'un poste de police dans le Logar, à moins de 70 km au sud-est de Kaboul: six policiers avaient été tués et huit civils blessés.

Le mois dernier, les talibans avaient invité les Kaboulis à se tenir à l'écart de «sites militaires» dans le souci «d'éviter les victimes civiles» qui continuent de payer un lourd tribut au conflit en cours.