Environ 10 000 personnes ont manifesté dimanche à Rabat, au Maroc, à l'appel d'organisations islamistes, pour dénoncer la «répression de l'armée» égyptienne, appelant par ailleurs à «l'expulsion» de l'ambassadeur d'Égypte, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La foule imposante - 5000 à 6000 personnes selon les autorités, 15 000 d'après les organisateurs -, composée majoritairement d'hommes, mais aussi de familles venues de tout le royaume, a défilé dans le calme pendant deux heures dans le centre de la capitale.

Beaucoup ont brandi des pancartes fustigeant l'action de l'armée égyptienne, ainsi que des photos de corps alignés dans des morgues improvisées au Caire.

«Morsi, Morsi! Allah akbar!», «nous demandons l'expulsion de l'ambassadeur d'Égypte au Maroc», ont notamment scandé les manifestants, sous l'oeil des forces de l'ordre, qui ne sont pas intervenues.

L'appel à une manifestation nationale avait été principalement lancé par la mouvance islamiste Justice et Bienfaisance («Al Adl wal Ihsane»). Interdite, mais tolérée au Maroc, cette formation, qui ne reconnaît pas au roi le statut de commandeur des croyants, prône l'instauration par la non-violence d'un État islamique.

D'après le photographe de l'AFP, figuraient également dans la foule des députés et sympathisants du Parti justice et développement (PJD), formation islamiste qualifiée de modérée qui dirige le gouvernement depuis début 2012. Des proches du premier ministre Abdelilah Benkirane étaient aussi présents, selon la même source.

Driss Leghroudi, un universitaire de 33 ans, a pour sa part affirmé à l'AFP avoir répondu à l'appel en tant que «simple citoyen, sans appartenance politique, (...) pour soutenir le peuple égyptien».

«Les militaires doivent retourner à leur mission, qui est de protéger le territoire national, au lieu de tuer la population», a-t-il clamé.

«L'histoire se répète, on a déjà connu ça en 1992 en Algérie (avec la guerre civile). (...) C'est l'Arabie saoudite qui est derrière cette politique» en Égypte, a-t-il ajouté.

Environ 500 personnes avaient déjà manifesté à Rabat vendredi pour appeler à «l'arrêt immédiat des crimes commis» dans ce pays.

Après avoir adopté un ton neutre lors du renversement du président islamiste Mohamed Morsi début juillet, les autorités marocaines ont exprimé mercredi dernier leur «émotion» et leur «consternation», en réaction aux centaines de morts liées à l'évacuation des campements pro-Morsi au Caire.

Plus de 750 personnes sont mortes en Égypte dans les violences au cours des quatre derniers jours.