Des heurts ont opposé mardi des partisans du président islamiste Mohamed Morsi à des opposants devant le ministère de la Culture au Caire, où artistes et intellectuels observent un sit-in pour réclamer le limogeage du ministre accusé d'«islamiser» ce secteur.

Des dizaines de manifestants islamistes et des militants anti-gouvernementaux en sont venus aux mains et les deux camps se sont lancés des pierres dans le quartier de Zamalek, avant l'intervention de la police. Il y a eu plusieurs blessés légers, selon des journalistes de l'AFP.

Le 5 juin, des dizaines d'intellectuels et artistes ont entamé un sit-in devant les bureaux du ministre de la Culture, Alaa Abdel Aziz, proche des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, et ont affirmé vouloir poursuivre leur mouvement jusqu'à son départ.

Alaa Abdel Aziz a été nommé en mai dans le cadre d'un remaniement du gouvernement de Hicham Qandil.

Ses détracteurs lui reprochent d'avoir procédé ces derniers jours à une série de limogeages touchant les chefs des départements des Arts plastiques et du Livre, ainsi que le directeur de l'Opéra.

Ces limogeages ont suscité des tensions au sein du ministère, entraînant la démission d'autres hauts responsables du secteur.

L'opposition laïque, libérale et de gauche accuse M. Morsi et ses ministres de chercher à «islamiser» l'Égypte et de placer les intérêts de la confrérie islamiste au-dessus des intérêts du pays.

Le mandat de M. Morsi, entamé en juin 2012, a été marqué par un profond clivage politique de la société et des manifestations parfois meurtrières, ainsi que par des difficultés économiques croissantes.

«Nous sommes contre le contrôle par les Frères musulmans des institutions de l'État», a déclaré à l'AFP Dina Abou Zeid, l'une des manifestantes. «L'Égypte n'est pas un État religieux».

Dans le camp opposé, des partisans des Frères musulmans ont soutenu que le ministère était un «nid de corruption» depuis la chute du régime Moubarak en 2011 et que M. Abdel Aziz tentait de remettre les choses en ordre.