Le populaire humoriste égyptien Bassem Youssef, déjà accusé d'insulter l'islam et le président Mohamed Morsi, fait face à une nouvelle enquête judiciaire pour «insulte envers le Pakistan».

Le parquet égyptien a engagé cette enquête après une plainte l'accusant «d'insulter l'État du Pakistan et de causer des tensions dans ses relations avec l'Égypte», ont indiqué mardi des sources judiciaires à l'AFP.

Bassem Youssef s'était moqué dans une émission récente d'un chapeau porté par M. Morsi lors d'une cérémonie de remise d'un doctorat honorifique, au cours d'une visite à Islamabad.

Il est aussi accusé dans une autre nouvelle plainte de chercher à «diffuser l'athéisme», après des plaisanteries supposées sur le rituel de la prière «mettant en cause l'un des cinq piliers de l'islam».

Bassem Youssef est actuellement en liberté sous caution à la suite de plaintes pour insultes envers l'islam et envers le président Morsi, issu des Frères musulmans, en attendant les conclusions du parquet sur ces accusations.

La cour administrative du Caire a toutefois rejeté samedi dernier une plainte distincte demandant l'arrêt de sa très populaire émission de satire politique hebdomadaire et la fermeture de la chaîne satellitaire CBC qui la diffuse.

Les démêlées judiciaires de Bassem Youssef et la multiplication des procédures du même genre contre des personnalités de médias alimentent les critiques contre le pouvoir du président Morsi, accusé de chercher à intimider la presse et de remettre en question la liberté d'expression.

Les États-Unis ont récemment exprimé leur inquiétude face à l'évolution actuelle de l'Égypte dans ce domaine. M. Morsi a quant à lui démenti vouloir porter atteinte à la liberté de parole, et a assuré qu'il n'était pas à l'origine des plaintes déposées contre l'humoriste.

Bassem Youssef s'inspire d'une célèbre émission de satire politique américaine, le Daily Show de Jon Stewart, qui a pris la défense de son émule égyptien, et a, à son tour, tourné M. Morsi en ridicule dans son programme.

La procédure judiciaire égyptienne prévoit que les plaintes sont présentées au procureur général, qui décide si les preuves sont suffisantes pour mener l'affaire jusqu'au procès. Les suspects peuvent être détenus pendant cette étape de l'enquête.