L'opposition au régime de Bachar al-Assad a obtenu mardi le siège de la Syrie au sommet arabe de Doha, où elle a défendu son autonomie face aux ingérences extérieures et demandé l'extension du bouclier antimissile de l'OTAN en Turquie au nord de la Syrie.

Le chef démissionnaire de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz Al-Khatib, et le pPremier ministre» intérimaire Ghassan Hitto ont pris place sous les applaudissements aux côtés des chefs d'État arabes à l'ouverture du sommet.

Le drapeau de la révolution syrienne a remplacé celui de la République de Syrie dans la salle où s'est ouvert ce rendez-vous annuel.

Salué en tant que «seul représentant des forces révolutionnaires et d'opposition de la Syrie» par le chef de la Ligue des États arabes Nabil al-Arabi, M. Khatib s'est livré à un plaidoyer passionné en faveur du peuple syrien «massacré depuis deux ans sous les yeux du monde entier».

Il a assuré qu'il revenait au «seul peuple syrien de choisir celui qui le dirigera, et la manière dont il sera gouverné», affirmant qu'«aucun pays étranger ne le fera à sa place». «Le peuple syrien refuse tout mandat», a-t-il martelé, soulignant que «l'opposition ne vendra pas son pays».

Comme il a réclamé que l'opposition obtienne «le siège de la Syrie à l'ONU et dans les organisations internationales», le régime étant de plus en plus isolé au plan international, après deux ans d'un conflit dévastateur déclenché par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression.

M. Khatib a demandé «le gel des fonds que le régime a pillé à notre peuple», estimés par l'opposition à quelque deux milliards de dollars.

Appelant en particulier les États-Unis à accroître leur aide, il a dit avoir demandé au secrétaire d'État John Kerry «l'extension vers le nord de la Syrie du bouclier antimissile Patriot» déployé en Turquie.

Pas de retour en arrière

À l'ouverture du sommet, l'émir du Qatar, Hamad ben Khalifa Al-Thani, grand soutien à la rébellion, a appelé à «une solution politique en Syrie, à condition qu'elle n'implique pas un retour en arrière», excluant ainsi le maintien du régime Assad.

Il a demandé un «soutien sous toutes les formes» aux rebelles, une référence aux fournitures d'armes auxquelles résistent certaines puissances occidentales.

C'est le Qatar qui a fait pression pour donner à l'opposition le siège de la Syrie à la Ligue arabe, vacant depuis novembre 2011, malgré les réserves d'Alger et de Bagdad.

«C'est un vol commis par l'émirat du Qatar (...) et par d'autres régimes arabes traîtres», a réagi la presse officielle syrienne.

Dimanche, M. Khatib a annoncé à la surprise générale sa démission, en disant vouloir protester contre l'inaction de la communauté internationale et en accusant des pays soutenant l'opposition «de tenter de contrôler la révolte». Mais il a annoncé ensuite sa participation au sommet.

Selon un porte-parole de la Coalition, Khaled Al-Saleh, sa démission «n'a pas été acceptée» et «la plupart des membres de la Coalition souhaitent» qu'il reste à sa tête, alors que l'opposition peine à unir ses rangs.

M. Khatib a affirmé devant le sommet avoir «entière confiance» en M. Hitto, après qu'une source de l'opposition a affirmé qu'il reprochait au Qatar d'avoir imposé l'élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans, face à un autre candidat soutenu par Riyad.

Outre le conflit syrien qui a fait plus de 70 000 morts et un million de réfugiés, le sommet, qui s'achève mercredi, devait évoquer le processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis plus de deux ans.

Le Qatar a proposé la tenue au Caire d'un mini-sommet arabe pour sceller une réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et les islamistes du Hamas et préconisé la création d'un fonds d'un milliard de dollars, dont le quart à sa charge.