Des dirigeants autonomistes du sud du Yémen réunis samedi sous l'égide de l'ONU à Dubaï se sont engagés à privilégier le dialogue et rejeter la violence, sans pour autant s'engager formellement à participer au dialogue national prévu le 18 mars.

L'émissaire de l'ONU au Yémen Jamal Benomar avait réuni ces personnalités pour tenter de les convaincre de participer au dialogue national qui doit élaborer une nouvelle Constitution et préparer les élections de 2014, en vertu d'un accord ayant abouti l'an dernier au départ du président contesté Ali Abdallah Saleh.

Mais les représentants de la tendance dure du Mouvement sudiste, dirigée par l'ancien vice-président Ali Salem al-Baïd, ont boycotté la réunion et certains chefs sudistes influents n'ont pas pu y participer faute de visa.

La participation des sudistes est capitale pour le succès de ce dialogue regroupant l'ensemble des forces politiques et qui doit évoquer la question sudiste.

«Nous avons convenu que la question sudiste ne peut être réglée que par le dialogue et dans un cadre pacifique, et nous aspirons à tenir d'autres réunions avec la participation de toutes les composantes sudistes», ont affirmé les participants dans un communiqué à l'issue de la réunion.

«Nous rejetons la violence et soulignons la nécessité pour le Mouvement sudiste de continuer à adhérer aux moyens pacifiques et à ne pas se laisser entraîner vers la violence», ont-ils ajouté.

Depuis plusieurs semaines, certaines villes du sud du Yémen et notamment Aden sont le théâtre d'affrontements entre les forces de sécurité et les séparatistes armés de la tendance dure du Mouvement sudiste.

«C'est la première fois qu'un tel nombre de dirigeants sudistes, dont des chefs historiques, sont réunis, et leur accord est un message clair soulignant le caractère pacifique du Mouvement sudiste», a déclaré à l'AFP M. Benomar.

Interrogé sur la possibilité que les participants à la réunion de samedi assistent au dialogue national, il a répondu que «tout se décidera dans les jours qui viennent et rien n'est exclu».

Le Mouvement sudiste réclame l'autonomie du Sud, un État indépendant jusqu'en 1990, mais sa branche radicale exige la sécession.

Le groupe de M. Al-Baid a assisté à l'ouverture de la réunion pour remettre à M. Benomar une lettre exposant ses revendications.

Dans cette lettre, dont l'AFP a obtenu une copie, M. Al-Baïd présente des demandes maximalistes, réclamant notamment «le retrait des forces nordistes» du sud du Yémen et «leur remplacement par des Casques bleus afin de protéger la population sudiste».

«Nous sommes pour un dialogue d'État à État» entre Sanaa et le sud du Yémen, a souligné à l'AFP M. Mohamed Al-Saqaf, représentant de la tendance de M. Baid. Il a souligné que son mouvement «refuse le fédéralisme et réclame un référendum» pour déterminer l'avenir du sud du Yémen.

Parmi les participants à la réunion de Dubaï figuraient l'ancien président Ali Nasser Mohammed et l'ancien Premier ministre Abdel Rahmane al-Jifri.

M. Al-Baïd est en exil depuis la répression d'une éphémère tentative de sécession du Sud en 1994 qu'il avait dirigée, quatre ans après l'unification du Yémen.

Le 15 février, il avait été montré du doigt par le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait salué la convocation du dialogue national et menacé de sanctions ceux qui perturberaient la transition politique.