Le président égyptien Mohamed Morsi a appelé les factions de l'opposition syrienne à unifier leurs rangs, à l'ouverture mercredi au Caire du 12e sommet islamique dominé aussi par la guerre au Mali.

M. Morsi, président du sommet, a exhorté les factions ne faisant pas partie de la Coalition de l'opposition, reconnue par la communauté internationale, à «se coordonner avec (elle) et soutenir ses efforts en vue d'une approche unifiée pour instaurer la démocratie» en Syrie, dévastée par la guerre.

«Que le régime syrien tire la leçon de l'Histoire: ce sont les peuples qui restent. Ceux qui font prévaloir leurs intérêts personnels aux dépens de ceux des peuples finiront par partir», a dit le président islamiste devant ses pairs ou représentants des 56 membres de l'Organisation de la conférence islamique (OCI).

À l'instar de plusieurs pays arabes, de l'Occident et de la Turquie, M. Morsi a maintes fois appelé au départ du président Bachar al-Assad qui s'accroche au pouvoir alors que les combats entre ses forces et la rébellion ont fait plus de 60 000 morts depuis mars 2011 selon l'ONU.

Une offre de dialogue avec Damas lancée par le chef de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, a suscité de violentes critiques dans son propre camp, plusieurs factions refusant tout dialogue avant un départ de M. Assad. Le régime syrien n'a d'ailleurs pas encore répondu à cette offre.

Selon un projet de résolution du sommet dont l'AFP a obtenu copie et qui sera adopté jeudi, les dirigeants doivent appeler à «un dialogue sérieux entre l'opposition et des représentants du gouvernement prêts à un changement politique et non impliqués dans la répression» de la révolte en Syrie.

Le projet ajoute que ce dialogue devrait déboucher sur «une transition réalisant les aspirations du peuple à des réformes démocratiques et à un changement» de régime. Néanmoins le sort de M. Assad n'y est pas mentionné.

«Le régime syrien commet des crimes odieux (...) sur lesquels nous ne pouvons plus nous taire», a dit le prince héritier saoudien Salmane Ben Abdel Aziz.

Il a invité le sommet à soutenir «un transfert de pouvoir» en Syrie, ajoutant que le «soutien de certains (pays) au régime syrien n'aide pas à régler le problème», en allusion au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, un solide allié du régime Assad.

Des consultations sont parallèlement prévues entre l'Égypte, l'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite, membres d'un comité chargé de la crise syrienne formé lors d'un sommet extraordinaire de l'OCI en août 2012 qui a décidé la suspension de la Syrie de l'organisation.

Autre dossier épineux au menu du sommet, le Mali. Les membres de l'OCI ont réagi en rangs dispersés à l'intervention militaire française dans ce pays africain pour en chasser les islamistes radicaux, l'Égypte et le Qatar se disant hostiles à une solution militaire.

Au menu du sommet, figurent aussi la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, la question de l'islamophobie, le sort des minorités musulmanes dans le monde et la coopération économique inter-islamique.

Le monde islamique recèle «plus de la moitié des réserves mondiales en brut et en gaz» mais 38% de ses quelque 1,5 milliard d'habitants vivaient sous le seuil de la pauvreté en 2011, a déploré M. Morsi.

Mais au delà de l'islamophobie, les divisions confessionnelles au sein même du monde islamique se sont manifestées lors d'une visite sans précédent de M. Ahmadinejad, président du plus grand pays chiite, mardi à Al-Azhar, la plus haute autorité théologique de l'islam sunnite dont des responsables ont accusé «certains chiites» d'insulter «les compagnons du Prophète».

Le président iranien a en outre été hué à sa sortie d'une mosquée du Caire par des protestataires dont l'un a tenté de lui lancer une chaussure.