La Coalition de l'opposition syrienne a réclamé lundi, lors d'une réunion internationale à Paris, un soutien financier et des armes pour renverser le président Bachar al-Assad, qui a estimé que son armée avait repris l'initiative dans sa guerre contre les rebelles.

Alors que le président Barack Obama a avoué hésiter sur la question d'une intervention américaine en Syrie, déchirée par 22 mois de conflit, les violences ont encore fait lundi plus de 60 morts, notamment en banlieue de Damas, en proie aux raids aériens et combats, selon un bilan provisoire d'une ONG syrienne.

Le journal libanais Al-Akhbar, proche de Damas, citait lundi des «visiteurs» au palais présidentiel, rapportant des propos de M. Assad selon lesquels «l'armée a largement repris l'initiative (...) parvenant à des résultats importants».

«Si, pour lutter contre le trafic d'armes et l'entrée de combattants, la frontière avec la Turquie était fermée, la question serait réglée en deux semaines», a encore estimé le président contesté.

Le régime assure depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue conflit armé lutter contre des «terroristes» armés et financés par l'étranger.

Mais ses opposants, réunis à Paris avec les représentants d'une cinquantaine de pays ont, eux, dénoncé le manque de soutien de la communauté internationale, paralysée par ses divisions sur la question syrienne.

Riad Seif, vice-président de la Coalition, a prévenu que le peuple syrien qui «livre actuellement une bataille sans merci» ne voulait « plus de promesses qui ne seront pas tenues» car «la poursuite de ce conflit ne peut qu'entraîner une catastrophe pour la région et pour le monde».

Violents combats

Mi-décembre, une centaine de pays avaient reconnu la Coalition comme un «représentant légitime du peuple syrien», lui promettant 145 millions de dollars. Mais l'opposition peine à gagner la confiance internationale, qui s'interroge sur sa représentativité et sa capacité à s'organiser.

George Sabra, dirigeant du Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition, a estimé qu'il fallait à la Coalition «un minimum de 500 millions de dollars pour avoir la possibilité de mettre sur pied un gouvernement».

Et pour les combattants sur le terrain, «nous avons besoin d'armes, d'armes et d'armes», a-t-il martelé. Jusqu'à présent, les Occidentaux se refusent à en livrer par peur qu'elles ne tombent entre les mains de jihadistes.

Un embargo européen sur les armes doit être réexaminé fin février à Bruxelles, mais sa levée partielle ou totale doit être votée à l'unanimité.

«Nous ne devons pas laisser une révolte qui avait démarré comme une contestation pacifique et démocratique dégénérer en affrontements de milices», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Sur le terrain, de violents combats opposaient soldats et rebelles dans le sud de Damas, ainsi qu'à Deir Ezzor (est), tandis que l'artillerie et l'aviation du régime pilonnaient la zone, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les insurgés ont pris des barrages de l'armée et se sont emparés d'armes et de munitions lors de ces affrontements, a précisé l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

Selon l'ONU, plus de 60 000 personnes ont péri en Syrie où aucune solution ne semble en vue.

Le premier ministre russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un allié de Damas, a créé la surprise dimanche en accusant M. Assad d'avoir commis «une erreur peut-être fatale» en ne procédant pas à des réformes. «Il me semble que ses chances de maintien (au pouvoir) s'amenuisent de jour en jour», a-t-il dit à CNN.

«Ces déclarations vont dans le bon sens», a réagi M. Fabius. «Mais ce que nous souhaitons, c'est que tout cela soit suivi d'effet».

John Ging, chef des opérations du Bureau des Nations unies  pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha), a souligné de son côté que l'ONU serait forcée de réduire les rations alimentaires distribuées aux Syriens si les donateurs, réunis le 30 juin à Koweït, ne se montrent pas beaucoup plus généreux.