Des centaines de personnes ont manifesté mercredi dans plusieurs pays arabes contre un film jugé insultant pour l'islam. La veille, le même film a suscité une attaque contre le consulat des États-Unis en Libye dans laquelle l'ambassadeur et trois autres Américains ont péri.

En Tunisie, la police a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser quelque 300 militants salafistes qui ont tenté de forcer le périmètre de sécurité autour de l'ambassade des États-Unis sur les berges du lac Nord (10 km au nord de Tunis), selon un photographe de l'AFP.

Les manifestants - hommes et femmes portant les étendards noir et blanc de cette mouvance -s'étaient d'abord rassemblés dans le calme. Ils ont ensuite brûlé le drapeau américain aux cris de «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand) et scandé des slogans hostiles aux États-Unis.

Cinq personnes ont été arrêtées à l'issue d'affrontements, selon des sources officielles. Un responsable des forces de l'ordre a fait état de deux policiers blessés.

Les protestataires dénonçaient le film américain Innocence of Muslims, qui se veut une description de la vie du prophète Mahomet et évoque les thèmes de l'homosexualité et de la pédophilie. Il est signé par un Israélo-Américain qui décrit l'islam comme un «cancer».

Au Caire, de 200 à 300 militants et sympathisants islamistes, parmi lesquels de nombreux fondamentalistes salafistes, ont manifesté devant l'ambassade des États-Unis au Caire, protégée par un important dispositif policier. Ils ont scandé «Allah Akbar» et agité des drapeaux islamistes.

En revanche, les coptes (crétiens égyptiens) n'ont pas répondu à l'appel de certaines organisations de leur communauté, qui les ont invités à se rendre devant l'ambassade pour protester eux aussi contre ce film en solidarité avec les musulmans.

Au Maroc, de 300 à 400 personnes ont manifesté pour les mêmes raisons à proximité du consulat des États-Unis à Casablanca, la plus grande ville du pays.

Ces manifestants, des jeunes dans leur grande majorité, se sont regroupés à 200 m du consulat, sous forte présence policière, en scandant «Mort à Obama».

Plusieurs centaines de personnes ont également manifesté devant l'ambassade des États-Unis à Khartoum, selon un responsable à l'ambassade qui a précisé que personne n'était entré dans l'enceinte du bâtiment.

Les manifestants, rassemblés à l'initiative d'un groupe se présentant sous le nom de «Jeunes Soudanais», «réclamaient des excuses immédiates et le retrait immédiat de la vidéo du film sur YouTube».

Dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères a estimé que la tolérance envers ceux qui insultent le prophète Mahomet «déclenchera de la haine et compliquera la coexistence interreligieuse».

Dans l'enclave palestinienne de Gaza, des dizaines de personnes ont manifesté contre les États-Unis. Devant le siège de l'ONU à Gaza, les manifestants ont incendié des drapeaux américains et des photos de Terry Jones, pasteur américain qui a appuyé le film et s'est rendu célèbre pour avoir brûlé en public un exemplaire du Coran.

«Ce film est la preuve manifeste qu'il y a une politique occidentalo-sioniste pour insulter l'islam de toutes les manières possibles», a déclaré à l'AFP un des organisateurs du rassemblement, Khaled al-Azzabat.

Un porte-parole du Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, Fawzi Barhoum, a condamné «la diffusion d'un film contre notre prophète Mahomet, un acte honteux, raciste».