Les rebelles ont affronté l'armée lundi près du tribunal militaire et du siège du parti Baas au pouvoir, symboles du régime de Bachar al-Assad au coeur de la ville stratégique d'Alep (nord), en proie à de violents combats depuis un mois.

À Paris, le président français François Hollande a répété que toute solution politique en Syrie passait par le départ de Bachar al-Assad du pouvoir lors d'un entretien avec le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi, qui avait, lui, déclaré la veille ne pouvoir encore prendre position sur ce sujet.

«Ce qu'il faut, c'est arrêter la guerre civile et ça ne va pas être simple», avait souligné sur France 24 le successeur désigné de Kofi Annan dont les propos ont été jugés lundi «contraires à la réalité» par Damas.

«Ce qui se passe sur le terrain, ce sont des crimes terroristes qui visent le peuple syrien et qui sont perpétrés par des salafistes armés soutenus par des pays connus», a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères en récusant le terme de guerre civile.

Damas accuse régulièrement l'Arabie saoudite et le Qatar d'armer les rebelles par ailleurs épaulés par des agents des services secrets américains, britanniques et allemands, selon des journaux allemands et britanniques.

Sur le terrain, la fête musulmane du Fitr, qui célèbre la fin du jeûne du ramadan, était endeuillée par des combats meurtriers à Alep (355 km au nord de Damas), mais aussi dans la capitale. Le président syrien y avait effectué la veille une rare apparition publique dans une mosquée.

Au moins 101 personnes, dont 54 civils, 28 soldats et 19 rebelles ont été tuées lundi, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui rapporte plus de 23 000 morts depuis le début de la révolte en mars 2011.

Combats à Alep et Damas

Un mois jour pour jour après le début de la bataille d'Alep, les rebelles ont porté lundi les combats dans le centre-ville en affrontant l'armée près du tribunal militaire et du parti Baas, selon l'OSDH.

Un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs et de civils armés) a affirmé à l'AFP que les rebelles avaient «pénétré et pris contrôle» de secteurs centraux d'al-Tilal, Al Maadi et Jdaidé, près du quartier historique.

Toujours dans le centre, une journaliste japonaise a été grièvement blessée alors qu'elle couvrait des combats dans le quartier Sleimane al-Halabi, selon l'OSDH, citant des militants. L'ONG a ajouté qu'elle cherchait à vérifier des «informations contradictoires» sur son sort.

Face aux bombardements, les civils s'abritent là où ils peuvent. Dans le quartier d'Ansari, un groupe de femmes et d'enfants se sont réfugiés dans une cage d'escalier.

Lorsque la situation semble calme, les enfants jettent un regard à l'extérieur du bâtiment, mais dès que les avions survolent la zone, ils se précipitent à l'intérieur.

«Où peut-on aller ? Nous n'avons nulle part où aller !», se lamente Tahani, une mère de 40 ans.

À Damas, des affrontements ont éclaté dans plusieurs quartiers de l'est et du sud, notamment Jobar (est) et Tadamoun (sud), selon l'OSDH.

Les autorités avaient annoncé il y a plus d'un mois avoir repris le contrôle de Damas avant d'être démenties sur le terrain.

Dans le sud, la ville de Herak, où sont retranchés des insurgés, se trouve dans une situation humanitaire «catastrophique» faute de pouvoir se ravitailler en vivres et médicaments, a affirmé le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.

Le régime bientôt à court d'argent

L'agence officielle Sana a par ailleurs démenti que le chef de la diplomatie Walid Mouallem ait annoncé sur twitter avoir remplacé le vice-président Farouk al-Chareh, personnalité sunnite la plus en vue du régime dont la défection annoncée samedi par des télévisions arabes avait été aussitôt réfutée à Damas.

Le sort de M. Chareh suscite cependant des interrogations alors qu'il n'a pas été vu en public depuis un mois.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé que le canal financier pouvait être une arme efficace pour «étrangler» le régime syrien, qui sera bientôt à court d'argent selon lui.

«Il a de moins en moins de réserves. On a compté qu'il n'en avait que pour quelques mois, sauf appui de la Russie et de l'Iran», a-t-il dit à la radio RTL.

Et alors que la recrudescence des bombardements dans le Nord pousse des milliers de personnes à fuir vers la Turquie, Ankara a prévenu que le pays, qui accueille 70 000 réfugiés, ne pourrait pas en accepter plus de 100 000.

Au Liban voisin par ailleurs, des combats ont repris à Tripoli, après une trêve pendant le ramadan, entre les quartiers de Bab el-Tebbaneh, majoritairement sunnite et hostile au régime syrien, et Jabal Mohsen, quartier alaouite soutenant ce régime. Trois sunnites et trois alaouites ont été blessés dans des échanges de tirs, selon un responsable des services de sécurité.