Le Conseil national syrien (CNS), principale organisation de l'opposition, semble sur le point d'imploser à cause des conflits internes et des divisions. Les Comités locaux de coordination, un groupe militant qui organise des manifestations et des actions sur le terrain en Syrie, ont menacé jeudi de se retirer du CNS, accusé de marginaliser ses membres et de prendre seul les principales décisions.

La lente désintégration du CNS, qui est devenu le visage international du soulèvement en Syrie, pourrait compliquer les efforts des pays occidentaux pour soutenir l'opposition au régime du président syrien Bachar el-Assad.

Jeudi, le président du CNS, Burhan Ghalioun, a déclaré qu'il était prêt à démissionner une fois que son remplaçant aurait été choisi.

M. Ghalioun vient pourtant d'être réélu pour un troisième mandat de trois mois lors d'un vote des membres du CNS à Rome. Le CNS doit normalement changer de président tous les trois mois, et la reconduction répétée du mandat de M. Ghalioun en a fait sourciller certains.

«Je n'accepterai en aucune circonstance d'être un candidat qui sème la discorde», a déclaré M. Ghalioun, professeur à la Sorbonne, à Paris. «Je vais démissionner dès qu'un nouveau candidat sera choisi, que ce soit par consensus ou lors d'une élection.»

Burhan Ghalioun, un sunnite laïque qui dirige le CNS depuis sa formation en septembre, a été critiqué par certaines personnalités de l'opposition, qui le jugent trop proche des Frères musulmans et qui l'accusent de vouloir monopoliser le pouvoir.

Quinze mois après le début du soulèvement, l'opposition syrienne peine toujours à surmonter ses rivalités internes et ses luttes de pouvoir, qui empêchent le mouvement de présenter une solution de rechange crédible au régime de Bachar el-Assad. Les pays occidentaux qui soutiennent le CNS l'ont plusieurs fois appelé à s'unifier et à travailler comme une seule entité.

«Même (si le CNS) a été conçu comme une formation destinée à représenter la société syrienne dans son ensemble, il a joué un rôle de dissension», a expliqué Peter Harling, du groupe de réflexion International Crisis Group. «En gérant mal des conflits de personnalités, il a éloigné plus de personnalités de l'opposition que nécessaire.»

Contrairement au Conseil national de transition en Libye, qui a rassemblé la plupart des factions opposées à Mouammar Kadhafi et qui a été rapidement reconnu sur la scène internationale, le CNS n'a pas de vrai leadership sur le terrain et n'a pas été reconnu par les grandes puissances.

Certaines personnalités de l'opposition accusent les chefs du CNS, en grande majorité des Syriens en exil, d'être déconnectés de la réalité sur le terrain. Plusieurs dissidents bien connus ont déjà quitté l'organisation en la qualifiant d'«autocratique».

Les Comités locaux de coordination, un important réseau de militants syriens présents sur le terrain et à l'étranger, ont menacé jeudi de se retirer du CNS, accusé de «s'éloigner de l'esprit de la révolution».

«Nous n'avons rien vu au cours des derniers mois à part l'incompétence politique du CNS et une absence totale de consensus entre sa vision et celle des révolutionnaires», écrivent les Comités dans un communiqué.