Pays arabes et Occidentaux doivent lancer cette semaine, à l'ONU, une nouvelle tentative pour faire condamner le régime syrien pour sa répression sanglante, cette fois-ci à l'Assemblée générale, selon des diplomates.

La Ligue arabe a incité dimanche les Nations unies à agir beaucoup plus énergiquement dans le dossier syrien en demandant que le Conseil de sécurité décide la formation d'une force conjointe ONU-Arabes qui superviserait un éventuel cessez-le-feu, à l'issue d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dimanche au Caire.

Deux projets de résolutions du Conseil sur la Syrie ont été torpillés par Moscou et Pékin, en décembre et le 4 février dernier, malgré des concessions majeures dans leur formulation pour tenir compte des préoccupations de ces deux pays alliés du régime syrien.

Ces derniers jours, l'Arabie saoudite et le Qatar ont préparé un projet de résolution à soumettre à l'Assemblée générale. Il exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre sa population et soutient le plan de la Ligue arabe pour assurer une transition pacifique vers la démocratie en Syrie.

Ce projet, dont l'AFP a obtenu copie et qui pourrait être soumis prochainement au vote de l'Assemblée, est très similaire au texte qui avait été bloqué par un double veto russe et chinois au Conseil de sécurité le 4 février. Moscou et Pékin devraient cette fois, aussi, marquer leur opposition, mais l'Assemblée, qui rassemble 193 pays, est un organe consultatif où le droit de veto n'existe pas.

Le nouveau texte «soutient sans réserve» le plan de la Ligue arabe pour «faciliter une transition politique» en Syrie, sans toutefois en détailler les modalités ni mentionner explicitement le président Bachar el-Assad. Le plan arabe présenté le 22 janvier appelait Bachar el-Assad à déléguer ses pouvoirs à son vice-président.

Le texte «demande au gouvernement syrien de mettre fin immédiatement à toutes les violations des droits de l'homme et aux attaques contre les civils». Il «condamne toute violence, d'où qu'elle vienne», du régime ou de l'opposition armée.

L'adoption d'une telle résolution aurait une portée essentiellement symbolique, tout en permettant à l'ONU de sortir de sa paralysie sur le dossier syrien. Après le double veto sino-russe, Occidentaux et Arabes ne veulent pas en rester là et réfléchissent aux moyens de relancer des initiatives pour faire pression sur Damas, d'autant que les violences se sont aggravées: le pilonnage incessant de la ville de Homs (centre) a fait plus de 500 morts depuis le 4 février.

La résolution bloquée avait reçu l'aval de 13 des 15 membres du Conseil de sécurité, y compris de pays auparavant réticents.

«Il y a une volonté de transmettre le dossier à l'Assemblée générale et l'Assemblée générale ne peut que soutenir ce que la majorité du Conseil de sécurité souhaite», estime un diplomate d'un des pays ayant voté finalement en faveur de la résolution. Évoquant le double veto, il ajoute: «essayons de dépasser cela et de prendre des initiatives positives».

La Russie, fidèle allié de Damas, estime pour sa part que les précédents efforts diplomatiques des Occidentaux étaient biaisés en faveur de l'opposition syrienne, que Moscou appelle en vain à négocier avec le régime. «Les États occidentaux, en incitant les opposants syriens à des actions intransigeantes (...) sont complices du processus d'attisement de la crise», a déclaré vendredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

Lundi, le Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, informera l'Assemblée générale sur la situation en Syrie, à l'initiative du président de l'Assemblée, le Qatari Nassir Abdulaziz Al-Nasser. Selon les militants syriens des droits de l'homme, la répression a fait plus de 6000 morts depuis mars 2011. L'ONU de son côté, ne donne plus de bilan faute d'informations fiables.

Parallèlement, les Nations unies envisagent avec la Ligue arabe de nommer un envoyé spécial commun en Syrie. Le nouveau projet de résolution suggère à ce propos que l'ONU fournisse «une assistance technique et matérielle» à la Ligue et nomme «un émissaire spécial» de l'ONU pour la Syrie.

D'autres initiatives sont en cours comme la constitution d'un groupe des «amis de la Syrie» ou une conférence internationale.