Après avoir été matée par des militaires venus d'Arabie saoudite, la révolution de la majorité chiite à Bahreïn se poursuit désormais derrière les barreaux. Explications.

L'événement

Grève de la faim dans les prisons de Bahreïn.

Qui sont-ils ?

Des militants chiites qui ont été condamnés pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales qui ont commencé le 14 février dernier.

Combien sont-ils ?

Ils étaient 180 au début de la semaine, ils ne seraient plus qu'une centaine aujourd'hui, selon les autorités. Près de 3000 personnes ont été interpellées depuis le début des soulèvements, et au moins 700 sont toujours en prison, selon une commission d'enquête indépendante.

Une méthode controversée

Selon le président de l'Association des jeunes Bahreïnis pour les droits de l'homme, Mohammed Maskati, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les grévistes de la faim emprisonnés au début de la semaine. Les autorités ont démenti l'information.

L'enjeu

Bahreïn est un minuscule royaume d'environ 1,2 million de personnes, dont la moitié est constituée d'expatriés. Le roi Hamad et la famille régnante Al Khalifa sont de confession sunnite - comme en Arabie saoudite -, alors que la majorité de la population est chiite - comme les voisins iraniens. La position stratégique de l'île de Barheïn - entre l'Arabie saoudite et l'Iran - en fait un allié américain dans ses différends avec l'Iran.

L'enquête indépendante

Dépêché sur le terrain l'an dernier pour faire rapport au roi Hamad, l'Égypto-Américain Cherif Bassiouni est de retour à Bahreïn pour la suite de son enquête. Dans son premier rapport, en novembre, ce professeur à l'Université DePaul, à Chicago, avait révélé sans détour comment les autorités avaient utilisé une force abusive pour mater les manifestants après l'imposition de la loi martiale. Bassiouni avait évoqué des cas de torture sous forme d'agressions sexuelles et de décharges électriques pour obtenir de l'information auprès des protestataires.

Les réformes promises

Bassiouni, donc, est de retour à Bahreïn pour voir si le gouvernement a suivi les recommandations de son premier rapport : réforme de la police, réintégration d'employés congédiés, enquête sur les allégations de torture... Avant de partir, il a confié à ses étudiants américains comment la population de Bahreïn avait raison d'être insatisfaite des progrès réalisés. « Je pense que les gens diront : Vous savez quoi ? Vous faites toutes ces enquêtes derrière des portes closes. C'est un blanchissage. Et je pense qu'ils auront parfaitement raison de le dire. «

Et l'économie ?

Pas terrible. La répression a rendu les financiers occidentaux nerveux. «Bahreïn est présentement une ville fantôme», a confié hier à l'agence Reuters un banquier de Dubaï.