La pression s'accentuait sur le régime syrien lundi, avec une nouvelle défection et l'annonce d'une coopération entre deux groupes d'opposants politique et militaire, le patron de l'ONU sommant de son côté le Conseil de sécurité d'agir sur le dossier syrien.

Le député Imad Ghalioune, membre de la commission du budget au Parlement syrien, a annoncé à la chaîne al Arabiya s'être réfugié en Egypte, appelant l'opposition à «réaliser les intérêts du peuple qui veut parvenir à la liberté».

Avant lui, deux députés indépendants avaient annoncé fin avril leur démission pour protester contre la répression du soulèvement populaire qui a débuté le 15 mars.

L'armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs, et le Conseil national syrien (CNS), qui rassemble les principaux courants de l'opposition, ont de leur côté mis en place «un bureau de liaison et un téléphone rouge afin de suivre les développements sur le plan politique et sur le terrain», a expliqué le CNS.

Lors d'une réunion dans la nuit de samedi à dimanche, des responsables des deux groupes ont évoqué «l'édification d'une structure moderne et souple (...) qui permettra de déployer rapidement des unités militaires et d'accueillir le nombre croissant d'officiers et soldats» déserteurs, selon un communiqué du CNS.

Le régime du président Assad a envoyé ses troupes, assistées par des milices, dans les villes rebelles pour tenter de faire taire la contestation, faisant au moins 5.000 morts selon une estimation de l'ONU début décembre.

En réaction, de nombreux soldats ont déserté et rejoint l'ASL, qui revendique 40 000 combattants. Ses opérations contre l'armée régulière et les forces de sécurité ont déjà fait des dizaines de morts.

Parallèlement, l'ASL a demandé lundi à la Ligue arabe de transférer le dossier syrien devant le Conseil de sécurité de l'ONU, et appelé ce dernier à agir, accusant le régime de poursuivre la répression sans tenir compte du plan arabe de sortie de crise.

Une demande qui fait écho à un appel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a sommé lundi le Conseil de sécurité d'agir «d'une manière sérieuse et cohérente» sur la Syrie.

Déclarant que «la situation a atteint un point inacceptable», M. Ban a appelé de nouveau le président Assad à «arrêter de tuer», et estimé «important que les Nations unies tiennent un discours et agissent d'une manière cohérente».

Moscou a présenté au Conseil de sécurité lundi une nouvelle version de son projet de résolution, qui ne semble pas modifier sur le fond sa position sur la Syrie, selon des diplomates occidentaux, mais sera discuté mardi au niveau des experts.

La Russie et la Chine avaient opposé en octobre leur veto à un projet de résolution de l'ONU sur la Syrie. Moscou a présenté en décembre un autre texte, condamnant à la fois la violence du gouvernement et celle de l'opposition, jugé trop timoré par les puissances occidentales.

Les Nations unies ont annoncé qu'elles allaient commencer par former dans les prochains jours des observateurs de la Ligue arabe afin de les aider à évaluer la situation en Syrie.

Par ailleurs, Paris après Washington, a accusé Téhéran d'envoyer des armes à Damas. «Ces livraisons d'armes sont illégales et profondément choquantes», a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.

Sur le terrain, cinq personnes, dont une femme, ont été tuées et 9 autres blessées lundi lors de l'attaque d'une boulangerie par des milices pro-régime à Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) en citant des habitants.

Une adolescente de 16 ans a été tuée par un tireur embusqué également à Homs, où trois autres civils ont été blessés par les tirs des milices pro-régime.

À Ariha (nord-ouest), cinq civils ont été blessés par les tirs des forces de sécurité, qui ont en outre «pilonné au mortier» un village de cette région où s'étaient rassemblés des centaines de déserteurs, a ajouté cette organisation basée au Royaume-Uni.

Dans cette même province, des affrontements violents ont eu lieu entre soldats et déserteurs. «Vingt soldats ont fait dissidence. Cinq d'entre eux ont été tués et les quinze autres ont pu fuir», selon l'OSDH.

Pour sa part, l'opposant Nawaf al-Bachir, chef de la plus grande tribu de Syrie, a indiqué avoir choisi de s'exiler en Turquie «pour activer l'opposition», dans un entretien à la chaîne al-Arabiya.