Amnistie Internationale a appelé lundi le Parlement yéménite à «rejeter un projet de loi prévoyait une amnistie» pour le président Ali Abdallah Saleh et ses proches en échange de son départ du pouvoir.

«Accorder au président Ali Abdallah Saleh et ses alliés une amnistie écarte toute forme de responsabilité pour les violations flagrantes des droits de l'Homme qui ont eu lieu au Yémen pendant des décennies», a dénoncé le directeur par intérim d'Amnestie pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Philip Luther.

Une clause au projet de loi rend impossible toute abrogation de la loi une fois votée, a-t-il souligné.

«C'est une claque dans le visage de la justice», alors même que «les protestataires appellent à la fin de l'impunité depuis que les manifestations de masse ont commencé début 2011», a-t-il ajouté.

Amnistie appelle le Parlement à rejeter ce projet de loi et à suivre «la recommandation faite par la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme (Navi Pillay) et par Amnistie de mener une enquête indépendante internationale sur les violations des droits de l'Homme qui se poursuivent».

Mme Pillay a dénoncé vendredi ce projet d'amnistie, estimant qu'un tel instrument juridique empêcherait de poursuivre des personnes ayant commis des crimes.

«Le droit international et la politique de l'ONU sont clairs sur le sujet: les amnisties ne sont pas permises si elles empêchent la poursuite des personnes qui peuvent être pénalement responsables de crimes internationaux», avait-elle indiqué.

Or, avait-elle relevé, «selon les informations que nous avons recueillies, il y a des raisons de croire que certains de ces crimes ont été commis au Yémen pendant la période pour laquelle une amnistie est en cours d'examen».

Le 23 novembre, après des mois de tergiversations et de manifestations, le président Saleh a signé à Ryad un accord de transition politique, prévoyant son départ du pouvoir au terme d'une présidentielle anticipée, prévue le 21 février, en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches.

Au pouvoir depuis 33 ans, le président Ali Abdallah Saleh est confronté depuis janvier à un mouvement de contestation - durement réprimé - qui réclame son départ et sa traduction devant la justice.