Le chef des observateurs en Syrie, chargé de veiller à l'application du plan arabe de sortie de crise, présentait dimanche un premier rapport à la Ligue arabe, plaidant pour la poursuite de cette mission en dépit des critiques, selon des sources diplomatiques.

Le comité ministériel de la Ligue responsable du dossier syrien a entamé en début d'après-midi une réunion au Caire, siège de l'organisation panarabe, afin d'auditionner le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, à la tête des 163 observateurs actuellement en Syrie.

Ce premier rapport intervient alors que les appels se multiplient pour que le dossier syrien soit transféré à l'ONU.

L'opposition syrienne a ainsi accusé les observateurs d'être «manipulés» par le régime du président Bachar al-Assad et la Ligue de s'être montrée incapable de faire cesser les violences.

«Le rapport prône la poursuite du travail de la mission, avec davantage d'équipements technologiques, et en appelle à l'opposition et au gouvernement pour laisser la mission se déplacer librement», a déclaré à des journalistes un diplomate arabe, sous couvert de l'anonymat.

Les observateurs «soumis à du harcèlement»

Le rapport indique également que les observateurs ont été «soumis à du harcèlement par le gouvernement syrien et par l'opposition», a ajouté ce diplomate.

Le document «évalue la situation sur le terrain en Syrie et examine les dispositions qui peuvent être prises dans la prochaine phase», a déclaré de son côté Ahmed Ben Hilli, secrétaire général adjoint de la Ligue.

Un autre secrétaire général adjoint de la Ligue, Adnane Issa, a assuré à l'AFP qu'«aucun projet de retrait des observateurs n'(était) à l'ordre du jour».

«Nous ne parlons pas de retrait, mais du renforcement de cette mission», a-t-il ajouté.

Les premiers observateurs ont entamé leur mission le 26 décembre à Damas, tandis que la dernière délégation en date est arrivée samedi, en provenance de Jordanie, pour surveiller l'application d'un plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences.

La Syrie est en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation réprimé dans le sang, qui tend à se transformer en conflit armé entre l'armée et des soldats dissidents ayant notamment rejoint l'«Armée syrienne libre».



Les affrontements continuent

Dans la nuit de samedi à dimanche, de violents affrontements ont opposé des soldats et des déserteurs dans le village de Basr al-Harir, dans la province de Deraa (sud), faisant 11 morts dans les rangs de l'armée régulière, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, au moins dix civils ont été tués dimanche par les tirs des forces du régime, donc sept dans la province de Homs, haut lieu de la contestation, toujours selon l'OSDH.

Depuis plus de neuf mois, la répression de la révolte a fait plus de 5.000 morts, selon une estimation de l'ONU en décembre, et samedi, 21 civils, dont quatre manifestants pro-Assad, ont encore péri. Vendredi, un nouvel attentat dans le centre de Damas avait aussi fait 26 morts.

Le général Dabi, dont la nomination fait polémique, car il a dirigé un temps au Soudan les forces nordistes pendant la guerre civile avec le Sud, avant d'être impliqué dans le conflit au Darfour, a estimé dans le journal britannique The Observer qu'il était trop tôt pour juger sa mission.

«C'est la première fois que la Ligue organise une telle mission. Et elle vient juste de commencer, donc je n'ai pas encore eu le temps de me faire une opinion», a-t-il déclaré.

La Ligue arabe a récemment reconnu des «erreurs», mais a défendu la mission, assurant qu'elle avait permis la libération de détenus et le retrait des chars des villes, des affirmations contestées par les militants pro-démocratie.

L'opposition syrienne a pour sa part qualifié cette mission d'«échec» et a appelé l'ONU à intervenir, qualifiant de «molle» la politique de la Ligue à l'égard de Damas.

Dans le même temps, en signe des liens solides entre Damas et Moscou, une flotte russe composée de navires de guerre, de sous-marins, d'avions de combat, d'hélicoptères et plusieurs systèmes de missiles antiaériens, a accosté dans la base navale de Tartous en Syrie, a annoncé l'agence syrienne Sana.