Les responsables syriens ont laissé passer une nouvelle chance d'éviter davantage de sanctions arabes en ignorant dimanche le délai donné par la Ligue arabe pour accepter l'envoi d'observateurs dans le pays où selon l'ONU la répression a fait 4000 morts en huit mois et demi.

Un comité ministériel arabe avait annoncé samedi soir que la Syrie avait jusqu'à dimanche pour signer un protocole sur l'envoi d'observateurs chargés de surveiller les faits sur le terrain, et éviter davantage de sanctions.

Mais aucune délégation syrienne ne s'est rendue à Doha pour signer l'accord sur les observateurs, Damas ayant demandé de «nouveaux éclaircissements au protocole d'accord qui lui est proposé», a indiqué un haut responsable au Qatar sous couvert de l'anonymat.

Un analyste à Damas a en effet estimé qu'il y avait «très peu de chances» que le régime accepte la venue d'observateurs selon les conditions proposées par la Ligue arabe.

Après les sanctions occidentales visant à faire cesser la répression, la Ligue arabe a accru encore l'isolement du régime du président Bachar al-Assad en prenant à son tour des sanctions, entrées en vigueur le 27 novembre.

Il s'agit notamment d'un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes.

Un comité ministériel arabe réuni samedi soir à Doha a précisé les modalités d'application d'autres sanctions décidées fin novembre, établissant en particulier une liste de 19 personnalités syriennes interdites de voyage dans les pays arabes et dont les avoirs seront gelés dans ces pays.

Cette liste comprend les principaux chefs des services de sécurité, ainsi que Maher al-Assad, frère du président Bachar al-Assad, l'homme d'affaires Rami Makhlouf, cousin du président, et les ministres de la Défense et de l'Intérieur.

Les ministres réunis ont également prévu d'interdire toute vente d'armes arabes à la Syrie et de réduire de moitié les vols avec la Syrie à partir de la mi-décembre.

Ils ont aussi chargé une commission technique de dresser une liste d'hommes d'affaires syriens impliqués dans le financement des opérations de répression, en vue de les sanctionner.

«C'est un message aux hommes d'affaires qui sont restés silencieux, pour qu'ils prennent position, alors que les communautés internationale et arabe ont perdu confiance dans le régime et refusent désormais de traiter avec lui», a déclaré Najib Ghadbane, membre du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition.

Le premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani, a nié samedi tout complot arabe contre la Syrie et insisté sur les risques d'une internationalisation de la crise. «Tout ce que nous voulons, c'est arrêter l'effusion de sang en Syrie», a-t-il insisté.

Mais la machine de guerre du régime ne s'est pas arrêtée. Trente personnes ont été tuées dimanche par les forces de sécurité et des milices pro-régime, les «chabbiha», dont trois enfants de 11, 14 et 16 ans, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé à Londres.

Près d'Idleb, un chauffeur a été tué par des balles tirées sur son minibus depuis un barrage.

Les vingt-neuf autres victimes ont été tuées à Homs, un haut lieu de la révolte dans le centre du pays, assiégé par les forces de sécurité depuis plus de deux mois, selon la même source.

Les trois adolescents et leur père ont été tués à l'aube par des «chabbiha» tirant depuis leurs voitures, selon l'OSDH.

Samedi, au moins 23 personnes avaient été tuées à travers le pays, dont 11 civils, selon l'OSDH.

Le sous-secrétaire d'État aux Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, en visite à Amman, a affirmé pour sa part que la communauté internationale cherchait des moyens pacifiques pour mettre fin aux «assassinats et à la brutalité» en Syrie, tout en accusant l'Iran de soutenir les violences dans ce pays.