Le bilan de la répression du mouvement de contestation en Syrie est d'au moins 4000 morts et ce pays se trouve «au bord de la guerre civile», a déclaré jeudi Mme Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme.

«En ce qui concerne la Syrie, nous estimons le bilan à au moins 4000 morts, mais selon les informations qui nous parviennent c'est beaucoup plus que cela», a déclaré Mme Pillay dans une conférence de presse à la veille d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie.

Navi Pillay participait au lancement d'une campagne sur les droits de l'homme dans les réseaux sociaux à l'occasion de la journée mondiale des droits de l'homme le 10 décembre.

La session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme, la troisième cette année, a été convoquée à la lumière d'un rapport accablant pour la Syrie publié lundi par la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil.

Les preuves réunies par cette commission d'enquête montrent que ce sont les forces de l'ordre syriennes qui ont commis des crimes contre l'humanité, tels que des meurtres, des viols et des tortures, en réprimant de manière brutale les manifestations d'opposition au régime, qui ont commencé en mars dernier.

La commission, qui n'a pas été autorisée par le régime de Damas à entrer sur le territoire syrien, a interrogé 223 victimes et témoins de ces brutalités, parmi lesquels des déserteurs et des personnes ayant vu des enfants torturés à mort.

Interrogée sur le fait de savoir si les violences en Syrie relevaient d'un conflit armé, Navi Pillay a répondu qu'«il serait nécessaire d'étudier le rapport de la commission pour évaluer l'étendue de l'action des forces d'opposition».

Mme Pillay a déclaré que, dans des entretiens avec le Conseil de sécurité de l'ONU à New York en août dernier, elle avait évoqué un risque de guerre civile en Syrie, «s'il y avait de plus en plus de soldats faisant défection et menaçant de prendre les armes».

«Il est difficile de dire avec certitude à quel point cela devient une guerre civile mais avec de plus en plus d'informations faisant état de résistance armée au gouvernement, on se dirige clairement dans cette direction» a clarifié son porte-parole Rupert Colville pour l'AFP.

«On est au bord» de la guerre civile, a ajouté le porte-parole.

Le Conseil des droits de l'homme devrait se prononcer au cours de cette session extraordinaire vendredi sur un projet de résolution présenté par l'Union européenne prévoyant de condamner «les graves violations systématiques des droits de l'homme» commises par les autorités syriennes.

Le projet demande que le rapport de la commission d'enquête soit soumis à l'Assemblée générale de l'ONU et au Conseil de sécurité de l'ONU.

Il demande également que soit établi un mandat de Rapporteur spécial sur les droits de l'Homme en Syrie.

«La situation des droits de l'homme en Syrie est grave et demande une réponse urgente», a dit mercredi un porte-parole de la délégation de l'UE à Genève, après que le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, avait lancé dès lundi soir un appel à une réunion spéciale du Conseil .

La demande de session spéciale signée par 68 pays, membres et non membres du Conseil a été présentée par la Pologne au nom de l'UE.

Le précédent bilan de l'ONU sur la répression en Syrie datant du 8 novembre faisait état de 3500 morts.