De violents combats ont éclaté à Sanaa, vendredi, entre les forces de sécurité yéménites et une unité rebelle de l'armée qui soutient le mouvement de protestation contre le président Ali Abdallah Saleh.

Les heurts ont fait deux morts, un dans chaque camp, selon un responsable des services de sécurité.

Ces affrontements pourraient signaler le début d'une lutte de pouvoir au Yémen, quelques jours après la signature par le président Saleh d'un accord de transfert du pouvoir, dénoncé vendredi par des centaines de milliers de manifestants.

Les combats ont opposé les forces de la sécurité centrale, commandées par un neveu du président Saleh, à la première division blindée de l'armée yéménite, dirigée par le général Ali Mohsen Al-Ahmar, qui a fait défection pour rejoindre le mouvement de contestation en mars dernier.

Un soldat de chaque camp est mort dans les affrontements qui ont cessé vers l'aube, selon un responsable de la sécurité.

Des combats avaient déjà opposé les deux unités par le passé, mais ceux de vendredi sont les premiers depuis que le président yéménite, aux commandes depuis 33 ans, a signé mercredi à Ryad un accord de sortie de crise proposé par les pays du Golfe.

En vertu de l'accord, il doit transmettre le pouvoir au vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi dans les 30 jours, après l'adoption d'une loi le protégeant de toute poursuite judiciaire.

L'accord prévoit également la convocation par M. Hadi d'une élection présidentielle anticipée dans les 30 jours.

De nombreux manifestants qui ont bravé la répression des forces de sécurité pour réclamer des réformes démocratiques ont rejeté l'accord. Vendredi, des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes pour le dénoncer et réclamer que le président Saleh soit traduit en justice pour des faits allant de la corruption à la répression meurtrière du mouvement de contestation.

L'organisation Amnistie internationale a critiqué la disposition sur l'immunité dont bénéficierait Ali Abdallah Saleh, estimant qu'elle portait «un sérieux coup aux victimes de violations des droits de l'homme».

«L'immunité mène à l'impunité», privant les victimes de la vérité et d'une réparation totale, a estimé l'organisation dans un communiqué diffusé jeudi.

L'organisation Human Rights Watch a accusé vendredi les forces yéménites d'avoir commis des crimes de guerre en pilonnant des zones civiles dans la ville de Taëz, l'un des foyers du soulèvement dans le sud du pays. Les bombardements sont à l'origine de la plupart, sinon de la totalité des décès de 35 civils dans la ville depuis la fin du mois d'octobre, selon l'organisation.

Human Rights Watch a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à imposer une interdiction de déplacement à Ali Abdallah Saleh et à ne pas respecter les dispositions de l'accord qui le protège de toute poursuite judiciaire.