La capitale yéménite Sanaa a connu une journée sanglante avec la mort samedi d'au moins 23 personnes dans la dispersion de centaines de milliers de manifestants hostiles au régime et des affrontements féroces entre tribus pro et anti-pouvoir.

La capitale yéménite Sanaa a connu une journée sanglante avec la mort samedi d'au moins 29 personnes dans la dispersion de centaines de milliers de manifestants hostiles au régime et des affrontements féroces entre tribus pro et anti-pouvoir.

Dans le sud du Yémen, un nouveau raid aérien, apparemment américain, a par ailleurs tué neuf membres du réseau Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), dont l'Égyptien Ibrahim al-Banna, responsable de sa branche médiatique, selon des responsables locaux.

À Sanaa, les forces de sécurité ont utilisé des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser l'immense manifestation appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh, faisant 12 morts, selon des sources médicales et des témoins.

Un responsable du ministère de l'Intérieur a affirmé que deux membres des forces de sécurité avaient également été tués et 16 d'entre eux blessés, selon l'agence officielle Saba.

Les manifestants, partis de la place du Changement, épicentre de la contestation protégé par des unités dissidentes de l'armée, ont marché vers le secteur contrôlé par les pro-Saleh. «Nous demandons au Conseil de sécurité de l'ONU de forcer Saleh à démissionner», proclamait une banderole.

À leur arrivée près du ministère des Affaires étrangères, ils ont été la cible de gaz lacrymogènes et de tirs, selon le photographe de l'AFP.

Une centaine de personnes ont été blessées et la plupart évacuées sur des motocyclettes vers l'hôpital de campagne sur la place du Changement.

La foule s'est ensuite dispersée et des partisans du régime, des civils en armes, ont arrêté des dizaines de manifestants, selon un membre du Comité d'organisation des jeunes protestataires.

Parallèlement, le responsable du ministère de l'Intérieur, cité par Saba, a indiqué que cinq civils, dont trois enfants, avaient péri dans le bombardement de quartiers résidentiels près du poste de police d'Al-Najda.

Selon lui, des hommes armés proches du cheikh Sadek al-Ahmar, un leader tribal rallié à la contestation, et des soldats dissidents appartenant à la première brigade blindée du général Ali Mohsen al-Ahmar, sont derrière ces attaques.

L'AFP n'a pu confirmer cette information ni ce bilan de source médicale ou autre.

Également dans le nord de Sanaa, dix combattants de la puissante tribu des Hached de Sadek al-Ahmar ont été tués samedi dans le bombardement de leurs positions par les combattants de cheikh Saghir ben Aziz, un chef tribal fidèle au chef de l'État, dans le quartier Al-Hassaba, selon une source tribale.

Malgré des mois de protestations populaires et des pressions internationales et régionales, M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé de corruption et de népotisme, refuse de partir. Il avait été blessé dans une attaque contre son palais en juin et hospitalisé à Ryad avant de regagner son pays fin septembre.

Mettant à profit l'affaiblissement du pouvoir central, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), née de la fusion des branches yéménite et saoudienne du réseau extrémiste, a renforcé davantage sa présence dans le sud et l'est du Yémen. Mais l'Aqpa n'a pas échappé aux attaques samedi.

«Lors de trois raids aériens, apparemment américains, contre une position d'Al-Qaïda dans le village d'Azzan, dans la province de Chabwa (sud-est), sept membres du réseau ont péri», selon un responsable local. Un officier de la police a ensuite indiqué que deux des blessés avaient succombé.

Parmi eux figurent l'Egyptien Ibrahim al-Banna, responsable de la branche médiatique de l'Aqpa, et l'un des fils de l'imam américano-yéménite Anwar Al-Aulaqi tué le 30 septembre dans un raid américain, selon une source au sein de la tribu de la famille Aulaqi.

Le ministère de la Défense a affirmé que l'attaque avait été menée par «les services de sécurité» yéménites.

Mais les États-Unis ont accentué leurs raids contre des militants présumés d'Al-Qaïda au Yémen à l'aide de drones et d'avions, afin d'empêcher les partisans du réseau de profiter du conflit actuel pour s'emparer du pouvoir, avait écrit il y a quelques mois le New York Times.

Toujours dans la province de Chabwa, une attaque au lance-roquettes, ressemblant à un acte de vengeance après ce raid, a visé un gazoduc alimentant le terminal de Balhaf sur le Golfe d'Aden, entraînant une suspension des exportations de gaz.

«Le pompage du gaz naturel liquéfié s'est arrêté», a déclaré un ingénieur sur le site. «Le gazoduc a été largement endommagé» et sa «remise en état pourrait prendre des semaines».