Un tribunal d'exception de Bahreïn a condamné à de lourdes peines jeudi des médecins accusés d'avoir aidé le mouvement de contestation, au lendemain de la confirmation de la perpétuité pour sept dirigeants de l'opposition chiite. Un homme reconnu coupable du «meurtre prémédité» d'un policier a en outre été condamné à mort jeudi et son complice condamné à la prison à perpétuité.

Ces nouvelles condamnations interviennent alors que les organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé les procès devant ces tribunaux militaires instaurés en vertu de l'état d'urgence, proclamé pour mettre fin à la contestation populaire qui a secoué le royaume en février et mars derniers.

L'état d'urgence a été levé le 1er juin.

Le procès de 20 médecins et membres du personnel médical de l'Hôpital Salmaniya, le plus grand de Manama, avait notamment secoué l'opinion publique internationale.

Treize membres du groupe, dont huit médecins, ont été condamnés à 15 ans de prison chacun par la Cour de sûreté nationale. Deux autres médecins ont été condamnés à dix ans de prison, et cinq personnes, dont trois médecins, à cinq ans chacun.

Les condamnés, parmi lesquels plusieurs femmes, ont notamment été reconnus coupables d'avoir incité au «renversement par la force du régime» et d'avoir «refusé de porter assistance à des blessés».

Certains avaient été laissés en liberté sous caution après l'ouverture du procès et d'autres avaient été libérés sous caution début septembre après avoir observé une grève de la faim.

Dans un autre procès, le procureur général militaire, Youssef Flaifel, a annoncé qu'un homme avait été condamné à mort et un autre à la perpétuité pour avoir tué «avec préméditation» un policier dans l'exercice de ses fonctions lors du mouvement de contestation.

Les deux hommes ont été reconnus coupables d'avoir tué le policier à Sitra, près de Manama, «en utilisant leur voiture», a précisé le procureur cité par l'agence de presse officielle Bna.

Selon les autorités, quatre policiers ont péri après avoir été renversés par des voitures durant les manifestations menées notamment par des chiites, majoritaires parmi la population locale, contre la famille royale sunnite des Al-Khalifa.

Ces nouvelles condamnations interviennent au lendemain de la confirmation par un tribunal d'exception de la peine de prison à perpétuité pour sept dirigeants de la frange radicale de l'opposition.

La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) avait appelé à leur libération, estimant que leur procès avait été «inéquitable et arbitraire».

Et Amnistie Internationale avait estimé qu'il était «temps que le roi de Bahreïn, cheikh Hamad ben Issa Al Khalifa, mette fin à cette mascarade une fois pour toutes et ordonne la libération immédiate des inculpés ou du moins un nouveau jugement équitable devant un tribunal civil».

Ce même tribunal d'exception avait condamné dimanche le président du syndicat des enseignants à dix ans de prison et son adjointe à trois ans pour avoir notamment «appelé les enseignants à des sit-in».

Les condamnations interviennent dans un climat de vives tensions dans ce petit royaume qui organise samedi le second tour des élections législatives partielles boycottées par l'opposition chiite.

Des violences avaient émaillé la tenue du premier tour le 24 septembre, et des groupes de jeunes qui tentaient de manifester ont été dispersés par la police à coups de grenades lacrymogènes.

Ces élections visent à pourvoir les sièges de 18 députés du principal mouvement de l'opposition chiite, Al-Wefaq, qui avaient démissionné pour protester contre la répression à la mi-mars par la dynastie sunnite du mouvement de contestation en partie inspiré par le Printemps arabe.