Les 15 pays du Conseil de sécurité de l'ONU ont échoué mercredi après une demi-journée de discussions à s'accorder sur un projet de résolution sur la Syrie, l'ambassadeur allemand soulignant que l'objectif restait de se mettre d'accord sur un texte «fort».

«L'idée est d'obtenir un message fort et unifié de ce Conseil», a déclaré Peter Wittig à l'issue des discussions. «Il y a eu une bonne discussion», a-t-il ajouté, précisant que les 15 membres du Conseil s'étaient «engagés» sur le projet de résolution présenté par les Occidentaux qui, dans sa version originale, prévoyait une menace de sanctions contre le président syrien Bachar Al-Assad.

«Nous espérons (...) obtenir un message fort et unifié du Conseil sur le fait que le régime syrien doit mettre fin à la violence et s'engager dans le dialogue», a-t-il ajouté.

«Nous aspirons à un vote dès que possible car la situation est urgente», a indiqué M. Wittig, selon qui les discussions continueront jeudi au niveau des experts. Il n'a pas dit si le projet de résolution évoque encore des menaces de sanctions.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a affirmé de son côté à l'issue des discussions que les Quinze ne discutaient plus de menaces de «sanctions». «Nous devrions être en mesure de trouver un terrain commun», a-t-il dit.

L'ambassadeur chinois Li Baodong a quant à lui déclaré que la résolution devrait «promouvoir une solution pacifique et promouvoir le dialogue».

Les pays européens avaient remis mardi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution prévoyant des menaces de sanctions contre le gouvernement syrien plutôt que des sanctions immédiates.

Moscou et Pékin ont menacé d'opposer leur veto à toute sanction proposée au Conseil de sécurité contre le régime syrien. Le Conseil de sécurité s'est contenté jusque-là d'une déclaration sur la répression des manifestations en Syrie qui, selon l'ONU, a fait plus de 2700 morts depuis mars dernier.

Avant le début des discussions, M. Tchourkine avait clairement laissé entendre que son pays était opposé au projet de résolution occidental brandissant la menace de sanctions contre la Syrie.

«Notre position est que (le projet de résolution sur la Syrie) est la continuation de la politique concernant la Libye prévoyant un changement de régime», avait expliqué Vitali Tchourkine, dans une critique de l'action de l'Otan qui a contribué à la chute de Mouammar Kadhafi.

«Regardons les choses en face, nous avons entendu des déclarations dans différentes capitales qui décrivent ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas et nous pensons que cette façon de penser et de parler encourage la violence en Syrie», avait-il ajouté.

Dans le projet original de résolution, dont une copie a été obtenue par l'AFP, le Conseil de sécurité «exprim(ait) sa détermination, dans le cas où la Syrie ne se conform(ait) pas à cette résolution, à adopter des mesures ciblées, y compris des sanctions».

Les États-Unis soutiennent le projet européen. «Nous voulons une résolution dure (...) un message très, très fort au régime syrien», a commenté à Washington la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, lors de son point de presse quotidien.

Mme Nuland, pressée de questions, n'a pas employé le mot «sanction».

La Russie a de son côté fait circuler son propre projet de résolution qui, selon des diplomates, se borne à condamner la violence en Syrie d'où qu'elle vienne.

«Nous pensons que (ce projet russe de résolution) est quelque chose qui, s'il est adopté par le Conseil, encouragera le processus politique en Syrie, et contribuera à arrêter la violence», a ajouté M. Tchourkine.