De violents combats ont eu lieu samedi à Sanaa où au moins 40 personnes ont été tuées au lendemain d'un appel à la trêve lancé par le président Ali Abdallah Saleh à son retour-surprise vendredi après une absence de plus de trois mois.

Les armes se sont tues en fin d'après-midi et un calme précaire régnait en début de soirée dans la capitale, selon des correspondants de l'AFP.

En début d'après-midi, La Garde républicaine a bombardé les abords de la place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, faisant 11 morts et 112 blessés parmi les soldats dissidents, a déclaré à l'AFP un porte-parole des militaires dissidents.

Cette attaque de La Garde républicaine, corps d'élite de l'armée yéménite commandé par un fils de M. Saleh, Ahmed, a visé un camp de la première division blindée du général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié à la contestation.

Selon un porte-parole de la dissidence, une soixantaine d'obus sont tombés sur le camp, situé près de la place du Changement, au moment des centaines de milliers de manifestants, rassemblés sur cette place, ont tenté de défiler dans les rues avoisinantes.

Samedi, «au moins 40 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées» dans divers quartiers de la capitale, y compris la place du Changement, a déclaré un membre du comité d'organisation des protestataires.

Un passant a été tué vendredi soir dans des combats entre hommes armés de tribus rivales à Al-Hassaba, un quartier du nord de Sanaa, a-t-on appris samedi auprès de sa famille.

Et dans la nuit, 17 personnes ont été tuées et 55 blessées dans une attaque de l'armée contre la place du Changement, selon des sources médicales.

Un caméraman yéménite qui travaillait pour la chaîne publique irakienne Al-Iraqia, Hussein Yahya al-Wadhaf, blessé lundi alors qu'il couvrait des manifestations à Sanaa, a succombé samedi, selon la chaîne.

Cela porte à 174 le nombre des personnes tuées depuis le déclenchement d'une vague de violences dimanche 18 septembre dans la capitale, selon un décompte de l'AFP.

À Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa), les forces loyalistes, soutenues par des chars, ont bombardé la place de la Liberté, foyer de la contestation, et un quartier du nord-ouest de la ville, sans faire de victimes, ont indiqué des témoins.

Alors qu'il avait autorisé son vice-président à négocier une sortie de crise, M. Saleh est revenu vendredi à Sanaa après plus de trois mois de soins et de convalescence en Arabie saoudite à la suite d'une attaque contre son palais le 3 juin.

Dès son retour, il a appelé «toutes les parties politiques et militaires à un cessez-le-feu»; mais les combats ont gagné en intensité vendredi soir.

Son retour est «un grand malheur pour le Yémen et les Yéménites», a commenté samedi le commandement de la dissidence, appelant dans un communiqué les monarchies du Golfe, les États-Unis et l'Union européenne à agir pour «contenir les agissements irresponsables» de M. Saleh qui cherche à entraîner le pays dans «une sanglante guerre civile, dont les retombées affecteraient la région».

Les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont pressé samedi le président yéménite de signer «immédiatement» leur plan de sortie de crise, qui prévoit sa démission en échange d'une immunité. Les États-Unis et la France avaient lancé vendredi des appels similaires.

La France juge «intolérable» la poursuite des violences meurtrières au Yémen et appelle M. Saleh à «assumer les responsabilités qui sont les siennes et à permettre au Yémen de connaître sans délai (la) transition» proposée dans le plan du Golfe.

M. Saleh, au pouvoir depuis 1978 et accusé de corruption et de népotisme, est confronté depuis janvier à un mouvement de contestation populaire dans les principales villes du Yémen.