Les nouvelles autorités en Libye ont affirmé samedi qu'il appartenait désormais aux combattants sur le terrain de décider quand attaquer les derniers bastions de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, que la Guinée-Bissau s'est dit prête à accueillir.

Alors que l'ex-homme fort de la Libye est introuvable depuis la chute de son quartier général à Tripoli le 23 août, un nouveau convoi d'une «douzaine de véhicules» transportant des proches de Mouammar Kadhafi est arrivé vendredi à Agadez, dans le nord du Niger, selon des sources concordantes.

«La nuit dernière, l'ultimatum a expiré. Nous l'avons étendu plus d'une fois, essayant d'ouvrir la voie à une solution pacifique», a affirmé le président du Conseil national de transition (CNT, qui siège à Benghazi -est-), Moustapha Abdeljalil, à Misrata, lors d'une escale avant sa première visite à Tripoli depuis le début du soulèvement contre Mouammar Kadhafi en février.

«Maintenant, la situation est entre les mains des combattants révolutionnaires. Nous leur avons parlé à travers leurs commandants et nous leur laissons le choix de décider (d'attaquer) quand ils le voudront» les derniers grands bastions pro-Kadhafi, Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et Sebha (centre), a-t-il ajouté.

Les forces du CNT ont ainsi lancé samedi matin «une attaque contre Bani Walid», mais ont «dû se retirer ensuite pour des raisons tactiques (...) qui pourraient être liées à des opérations militaires de l'OTAN» dans le secteur, a dit à l'AFP Abdallah Kenchil, un responsable des négociations du côté du nouveau pouvoir libyen.

Les combattants «révolutionnaires» ont été «confrontés à des tirs de tireurs d'élite pro-Kadhafi», a-t-il précisé, faisant état de la mort d'un combattant pro-CNT.

Les modalités d'une offensive restent délicates dans cette ville, les forces du nouveau régime ayant plusieurs fois exprimé la crainte que les combattants pro-Kadhafi utilisent des civils comme boucliers humains.

À une soixantaine de kilomètres à l'est de Syrte, les combattants pro-CNT ont par ailleurs dégagé les abords ouest de la localité de la Vallée Rouge et progressé d'environ 5 km, a constaté un journaliste de l'AFP, qui a fait état de combats par intermittence.

Vers 17h15 (11h15, heure de Montréal), trois véhicules appartenant aux pro-Kadhafi ont été détruits par des frappes de l'OTAN, a rapporté le reporter de l'AFP, qui a souligné qu'elles avaient été accueillies aux cris de «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand»), «I love Nato» («J'aime l'OTAN») et «One, two, three, merci Sarkozy) par les combattants issus de la rébellion.

Selon un commandant du front ayant requis l'anonymat, il n'y aura «pas de grande offensive avant une semaine». Il a expliqué que «sur le terrain, il n'a vu aucun signe de préparatifs d'une grande offensive», beaucoup de pièces d'artillerie restant en retrait pour le moment.

«Nous sommes en position et capables d'agir dans toute direction. Quant au lancement de cette opération militaire, ce sera une surprise», avait déclaré vendredi soir le commandant Salem Jeha, un influent membre du conseil militaire de Misrata, bastion du nouveau régime à 200 km à l'est de Tripoli.

Des milliers de combattants pro-CNT -entre 12 000 et 18 000 selon les sources- sont rassemblés à Misrata, bien armés et bien équipés, en vue de combats aussi bien dans le désert au sud que sur la côte en direction de Syrte.

Pendant ce temps, la fuite des proches de Mouammar Kadhafi, traqué de toute part, se poursuivait. Un convoi d'une «douzaine de véhicules» transportant des proches est arrivé vendredi à Agadez, capitale régionale du nord du Niger, escorté par des militaires nigériens, a affirmé samedi à l'AFP une source sécuritaire, sans préciser ni le nombre ni l'identité des occupants du convoi.

Jeudi, trois généraux libyens proches de Kadhafi, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, étaient déjà arrivés à Agadez. Ils sont sous surveillance militaire.

Le Niger a assuré qu'il respecterait ses engagements auprès de la justice internationale concernant des pro-Kadhafi recherchés et présents sur son sol.

De son côté, le premier ministre de la Guinée-Bissau Carlos Gomes Junior a déclaré qu'il accueillerait l'ex-dirigeant libyen «à bras ouverts» dans son pays. «Si Kadhafi demande à venir en Guinée-Bissau, nous l'accueillerons à bras ouverts et nous assurerons sa sécurité», a-t-il déclaré, selon Radio Diffusion Portuguese (RDP).

Selon M. Abdeljalil, l'ex-«Guide» conserve toujours une capacité de nuisance: «Nous ne devons pas oublier que Mouammar Kadhafi est toujours vivant et qu'il a toujours de l'argent et de l'or pour corrompre les gens».

Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité nationale américain a affirmé qu'«alors que le CNT entreprend une transition politique démocratique (...) dans laquelle les droits de l'Homme seront respectés et promus, il trouvera dans les États-Unis un allié solide».

Le Fonds monétaire international (FMI) a également reconnu le CNT comme le gouvernement légitime de Libye, a déclaré à Marseille sa directrice générale, Christine Lagarde.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan doit se rendre jeudi en Libye, la première visite dans la capitale d'un chef de gouvernement étranger depuis la chute du régime de M. Kadhafi.