Une mission humanitaire de l'ONU a jugé «urgent» de protéger les civils en Syrie, où la répression a fait six nouveaux morts à l'occasion des rassemblements de dizaines de milliers de manifestants antirégime pour le dernier vendredi du ramadan.

Trois personnes ont péri à Deir Ezzor (nord-est) après la grande prière, un manifestant à Nawa dans le sud, et un garçon de 16 ans dans la ville d'Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui fait état de nombreux blessés.

Un homme de 56 ans est mort en détention à Maaret Al-Nomane, à 250 km au nord de Damas, mais son corps n'a pas été rendu à la famille, a ajouté l'ONG.

Des dizaines de milliers de personnes ont à nouveau manifesté à travers le pays contre le régime du président Bachar al-Assad, à l'appel de la page Facebook «Syrian revolution 2011» qui avait placé cette journée sous le thème du «Vendredi de la patience et de la persévérance».

Selon Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, libéré après dix jours de détention, les manifestations se sont étendues au quartier de Midane, à Damas, malgré des tirs et une très forte présence sécuritaire.

Rendant compte de la première mission humanitaire à être admise dans le pays depuis que M. Assad a lancé en mars une répression meurtrière contre les manifestations de l'opposition, un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, a dénoncé une «utilisation excessive de la force».

«La mission a conclu que bien qu'il n'y ait pas de crise humanitaire à l'échelle nationale, il y a une nécessité urgente de protéger les civils contre l'utilisation excessive de la force», a-t-il déclaré.

L'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, a qualifié la répression de «stérile» et appelé les autorités à faire rapidement d'importantes réformes.

La communauté internationale restait toutefois divisée dans ce dossier, la Russie, alliée du régime syrien, ayant présenté un projet de résolution sur la Syrie écartant les sanctions voulues par les Occidentaux pour sa répression sanglante, selon des diplomates.

Moscou a laissé entendre qu'elle pourrait opposer son veto à toute résolution comportant des sanctions.

Autre allié du régime, le chef du Hezbollah chiite libanais Hassan Nasrallah a réaffirmé son soutien à M. Assad, appelant vendredi les «amis» de la Syrie à favoriser le dialogue pour éviter des conséquences «dangereuses» dans la région.

Selon l'ONU, le bilan de la répression s'élève à plus de 2200 morts depuis mars et l'ambassadeur de Syrie à l'ONU, Bachar Jaafari, a assuré le 11 août que 500 membres des forces de l'ordre avaient été tués par des manifestants depuis le début de la révolte le 15 mars.

L'agence officielle Sana a affirmé que trois policiers avaient été blessés par balle par des hommes armés et cagoulés dont deux ont été tués. Le régime attribue les violences à des «gangs armés terroristes» et refusent de reconnaître l'ampleur de la contestation qui ne s'essouffle pas.

Enfin, Paris a condamné l'agression «brutale et choquante» jeudi du caricaturiste syrien Ali Ferzat et rappelé sa détermination à «tout mettre en oeuvre» pour que M. Assad, déjà soumis à des sanctions, mette fin à la répression.

Sana a assuré que la police avait ouvert une enquête pour retrouver les agresseurs du caricaturiste. Selon cet artiste âgé de 60 ans, quatre hommes l'ont enlevé alors qu'il rentrait chez lui à l'aube, lui ont brisé deux doigts de la main gauche ainsi que le bras droit et abîmé l'oeil gauche.