Les rebelles libyens ont annoncé des succès vendredi, avec la prise de contrôle de la ville de Zliten et la progression dans Zawiyah, de part et d'autre de Tripoli, bastion du régime et cible de nouvelles frappes de l'OTAN.

Après une offensive éclair lancée à l'aube contre les forces fidèles au régime de Mouammar Kadhafi, la ville côtière de Zliten, à 150 km à l'est de Tripoli, «est maintenant sous le contrôle de nos combattants», a affirmé à l'AFP un responsable de la rébellion.

Il a néanmoins fait état de combats toujours en cours pour en finir avec des poches de résistance et a annoncé la capture du colonel Omrane Ali Ben Salim, chef des renseignements pour Zliten, «responsable de la chasse» des militants anti-Kadhafi.

Venus de l'enclave de Misrata, à une cinquantaine de kilomètres plus à l'est, les rebelles tentaient depuis des semaines de s'emparer cette ville de 200 000 habitants. Mais dans un communiqué, ils ont appelé les civils à «ne pas se venger».

Aucun bilan des combats de vendredi n'était encore disponible, la rébellion reconnaissant juste «des morts et des blessés» dans ses rangs.

Si elle est confirmée, la prise de Zliten marquera un nouveau revers militaire pour le régime de Mouammar Kadhafi, alors que les rebelles resserrent déjà leur étau sur Tripoli par l'Ouest, coupant la voie vers la frontière tunisienne.

Sur ce front, la rébellion a progressé à Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des centaines d'insurgés y ont pris d'assaut la place centrale, principale poche de résistance des pro-Kadhafi, selon un correspondant de l'AFP.

Armés de fusils d'assaut, les combattants ont chargé et réussi à repousser les pro-Kadhafi de cette place centrale, où sévissaient des tireurs embusqués et qui représentait un objectif stratégique pour les rebelles dans cette ville où les combats avaient repris le 12 août.

En fin d'après-midi, la place était jonchée de véhicules calcinés ou renversés, ainsi que d'armes abandonnées, mais les échanges de feu se poursuivaient aux alentours.

La raffinerie de Zawiyah, la seule de l'Ouest et l'une des dernières sources d'approvisionnement du régime en pétrole et en gaz, était aussi sous contrôle des rebelles, selon un journaliste de l'AFP.

Depuis mercredi, les insurgés ont aussi ouvert un nouveau front à Morzuk, dans le Sud-Ouest saharien. Les rebelles affirment désormais contrôler cette ville de la région désertique du Fezzan, principale ligne logistique reliant Tripoli aux frontières du sud-ouest.

Dans le même temps, l'OTAN a continué ses frappes contre la capitale Tripoli. Plusieurs cibles ont été bombardées avant l'aube dont une résidence du chef des renseignements du régime, Abdallah Senoussi, objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l'humanité commis depuis le début de la révolte mi-février, selon un journaliste de l'AFP.

Des bâtiments de la résidence ont été détruits, ainsi qu'une école voisine.  Des gardiens de la résidence n'étaient cependant pas en mesure de dire si M. Senoussi se trouvait dans la résidence au moment des frappes.

«C'est un quartier résidentiel. Pourquoi l'OTAN bombarde-t-elle ce site ? Il n'y a pas de militaires ici», a dénoncé Faouzia Ali, dont la maison, qui se trouve en face de la résidence de M. Senoussi, a été endommagée.

Les raids ont aussi visé le secteur de la résidence de M. Kadhafi dans le centre de la capitale, ainsi qu'un poste de la police judiciaire.

La pression militaire sur le régime s'est encore accentuée malgré un appel la veille à un cessez-le-feu du Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, qui a exclu un départ de M. Kadhafi, exigé par la rébellion.

Sur le plan humanitaire, l'intensification des combats a entraîné une «rapide détérioration de la situation humanitaire» dans plusieurs villes, où des hôpitaux ont été «attaqués ou utilisés à des fins militaires», a déploré la Croix rouge internationale.

À Genève, l'Organisation internationale pour les migrations s'est inquiétée du sort de milliers de migrants qui sont actuellement empêchés de quitter Tripoli par la route vers la Tunisie à cause des combats. Elle prépare des plans d'évacuation, probablement par voie maritime, pour permettre les départs.

Plus de 600 000 migrants ont déjà quitté la Libye depuis le début du conflit lancé le 15 février par un soulèvement populaire contre le régime qui s'est transformé en guerre civile dans laquelle des milliers de personnes ont péri.