Trois civils ont été tués samedi en Syrie par des tirs des forces de sécurité, tandis que le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et le roi Abdallah d'Arabie exigeaient l'arrêt «immédiat» des violences.

«Deux civils ont été tués à Lattaquié, dont un jeune homme de 17 ans, et un troisième a été abattu à Qousseir, dans la région de Homs, au cours de perquisitions menées par les forces de sécurité», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le communiqué de l'OSDH, publié dans l'après-midi, ajoute que «quatre corps de civils arrêtés ces derniers jours ont été remis à leurs proches à Houlé, dans la région de Homs».

«Vingt chars et véhicules de transport de troupes ont été déployés ce matin près du quartier d'al-Raml al-Jounoubi à Lattaquié», a affirmé l'OSDH.

Outre les deux civils tués, plus de quinze personnes ont été blessées dans ce quartier situé au sud de la ville, où des tirs étaient entendus et les communications téléphoniques et l'internet coupés.

D'après la même source, «un grand nombre d'habitants, en particulier des femmes et des enfants» avaient fui dans la matinée le secteur, «par crainte d'une opération militaire».

Ces derniers jours, le quartier d'al-Raml a été le théâtre de manifestations massives réclamant la chute du régime du président Bachar al-Assad, confronté  depuis près de cinq mois à un mouvement de contestation inédit.

Des tirs intenses retentissaient par ailleurs en fin de journée dans un autre quartier de Lattaquié, Slaibé, où plus de 70 personnes ont été arrêtées.

«Des agents de sécurité et des milices pro-régime y ont mené des perquisitions. Ils frappaient les femmes qui voulaient empêcher l'arrestation de leurs enfants», selon l'OSDH.

Parallèlement, les forces de sécurité, appuyées par deux chars, ont pénétré dans le village de Joussiyeh, à la frontière avec le Liban, dans la région de Homs, selon un militant dans le secteur. «De nombreux habitants fuient vers les localités voisines et vers le Liban», a-t-il dit.

Des véhicules militaires ont aussi pénétré dans des villages proches de la ville de Qousseir et procédé à des arrestations, y compris de femmes et d'enfants, selon les militants.

«Dix camions militaires, sept voitures de la sécurité et 15 bus remplis de miliciens fidèles au régime ont pénétré dans ces villages», selon l'OSDH.

Malgré la répression, la mobilisation contre le régime reste vive pendant ce mois de ramadan qui voit tous les soirs des défilés pour la démocratie à la sortie des mosquées.

Vendredi, comme chaque semaine, des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté après la grande prière de midi dans les provinces de Hama, Idleb et Deir Ezzor. Les forces armées et de sécurité ont tiré à balles réelles, tuant 20 personnes, selon les militants.

Selon l'OSDH, près de 1800 civils ont été tués depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars.

Les appels en faveur d'un arrêt des violences se font pourtant de plus en plus pressants.

Le président américain Barack Obama s'est entretenu au téléphone avec le roi Abdallah d'Arabie saoudite ainsi qu'avec le Premier ministre britannique David Cameron au sujet de la Syrie et tous trois ont exigé samedi un arrêt «immédiat» de la violence.

M. Obama et le roi Abdallah «sont tombés d'accord sur le fait que la brutale campagne de violences du régime syrien contre son peuple devait cesser immédiatement», a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

MM. Obama et Cameron ont appelé à «mettre fin immédiatement au bain de sang» en Syrie, soulignant «la nécessité de répondre à l'exigence légitime de transition démocratique exprimée par le peuple syrien», selon un autre communiqué.

Des responsables américains ont déclaré jeudi que Washington envisageait d'appeler explicitement Bachar al-Assad à quitter le pouvoir, un pas jusqu'ici jamais franchi, à l'inverse de leurs appels répétés en ce sens au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a exhorté de son côté les autorités syriennes à cesser immédiatement la répression et les ont appelées à engager un dialogue avec toutes les forces en Syrie, se proposant d'y participer.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir pour sa part jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie.

Compte tenu de la situation sécuritaire qui continue de se dégrader, Paris a de nouveau recommandé samedi aux Français encore présents en Syrie de quitter le pays.