Neuf soldats ont été tués dimanche et 21 autres blessées dans un attentat suicide à la camionnette piégée à Aden, la grande ville du Sud du Yémen, attribué par les autorités à Al-Qaïda.

Le conducteur d'un pick-up piégé a fait exploser son véhicule à l'entrée d'un camp militaire à Aden alors que les troupes s'apprêtaient à sortir pour des opérations dans la province d'Abyane, où les forces de sécurité sont aux prises depuis mai à des combats avec des militants soupçonnés d'entretenir des liens avec Al-Qaïda, selon des sources militaires.

«Nous nous préparions à nous rendre dans la province d'Abyane quand un véhicule est arrivé devant la porte du camp, ensuite il y a eu une forte explosion», a déclaré un soldat qui a survécu à l'attaque.

Une source au sein de l'armée a précisé que plusieurs blessés étaient dans un état grave et que quatre d'entre eux avaient été transférés à Sanaa, la capitale yéménite, par hélicoptère.

Le ministère de la Défense a affirmé dans un SMS envoyé par son site internet 26sep.net que l'attentat avait été commis par un «kamikaze d'Al-Qaïda» et fait état de quatre soldats tués et de 21 blessés.

Un médecin a affirmé qu'un lieutenant-colonel figurait parmi les morts.

À la faveur de l'affaiblissement du pouvoir central, des centaines d'hommes armés affiliés aux «Partisans de la Charia (Loi Islamique)», un groupe soupçonné d'entretenir des liens avec Al-Qaïda ont pris sans coup férir le 29 mai le contrôle de Zinjibar, la capitale de la province d'Abyane, poussant à l'exode ses habitants terrorisés.

Depuis un mois et demi, le président Ali Abdallah Saleh, blessé dans une attaque contre le palais présidentiel à Sanaa, a quitté le pays pour être soigné dans un hôpital saoudien, mais ses partisans annoncent régulièrement qu'il va bientôt revenir.

Mais l'armée, avec l'aide de tribus, a commencé à reprendre du terrain. La 25e brigade mécanisée encerclée à Zinjibar a réussi ces derniers jours à briser le siège qui lui est imposé par les hommes armés.

Des sources militaires et médicales ont affirmé jeudi que Ayad al-Shawbani, un dirigeant d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), et 10 soldats avaient été tués lors de combats dans le sud du Yémen cette semaine.

Le vice-ministre yéménite de l'Information Abdo al-Janadi a pour sa part précisé que les États-Unis avaient fourni une aide logistique à la 25e brigade de l'armée.

L'Aqpa, née d'une fusion des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda en janvier 2009, est active dans le sud et l'est du Yémen, où des attaques contre les forces de sécurité lui sont régulièrement attribuées.

Le réseau n'est cependant pas implanté dans la ville d'Aden, relativement calme alors que des affrontements opposent régulièrement l'armée et des islamistes soupçonnés d'être proches d'Al-Qaïda dans d'autres zones du sud.

Toutefois, David Mockett, un Britannique qui dirigeait une compagnie maritime a été tué mercredi à Aden dans un attentat à la voiture piégée qui porterait la marque d'Al-Qaïda selon un responsable de la sécurité.

Aden avait cependant été le théâtre d'une des premières opérations d'Al-Qaïda au Yémen le 12 octobre 2000, lorsque 17 soldats américains avaient été tués et 38 blessés dans une attaque suicide contre le contre-torpilleur USS Cole dans le port.

Aden était la capitale de l'ex-Yémen du Sud avant l'unification du pays en 1990. Sous contrôle britannique jusqu'en 1967, son port était l'un des plus importants du monde.