Les forces syriennes ont tué mercredi quatre civils à Idleb et dispersé à coups de matraque plus de 200 manifestants à Damas, le régime de Bachar al-Assad restant déterminé à étouffer la contestation quatre mois après le début de la révolte, selon des militants.

Dans le même temps, l'Occident tente toujours de faire pression pour une action à l'ONU contre le régime syrien, mais la Russie, alliée de longue date du pouvoir en Syrie, maintient son opposition à toute ingérence internationale dans ce pays.

L'armée, dépêchée par le régime pour tenter d'étouffer la contestation dans des villes du nord, du centre et du sud, continue ses opérations de ratissage et de perquisitions notamment dans les villes d'Idleb (nord-ouest), Homs (centre), selon des militants des droits de l'homme.

Quatre civils ont été tués par balle dans ces opérations menées dans la région de Jabal al-Zawiya à Idleb, a précisé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme joint au téléphone par l'AFP à Nicosie. Des «tirs nourris» ont été entendus dans cette région.

L'armée continue en outre d'encercler la ville de Hama (nord).

À Damas, la police a dispersé quelque 250 intellectuels et artistes qui scandaient «Dieu, Syrie, liberté et c'est tout», selon des militants des droits de l'homme. Elle les a «frappés avec des bâtons et des matraques», a déclaré à l'AFP Abdel Karim Rihaoui, de la Ligue arabe des droits de l'homme.

Au moins 25 manifestants ont été arrêtés dont le journaliste Iyad Chourbaji, l'artiste Guevara Nimr, l'actrice May Skaff et la militante Rima Fleihane, selon les militants.

Dans un communiqué, les manifestants ont écrit qu'il était temps «de descendre dans la rue aux côtés de nos frères qui ont versé leur sang pour nous apporter la liberté», en apportant leur soutien aux «demandes légitimes du peuple syrien de vivre à l'ombre d'un État juste et moderne».

Durant leur rassemblement, une contre-manifestation s'est rapidement formée, et des dizaines de militants pro-régime ont scandé «Dieu, Syrie, Bachar et c'est tout».

Entretemps, les manifestations nocturnes ont continué dans plusieurs villes comme à Deir Ezzor (est), Deraa (sud) et Homs (centre).

À Deir Ezzor, où se trouvent des champs de pétrole et de gaz, une explosion aux circonstances floues a eu lieu sur un gazoduc, le premier incident du genre depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars.

Parallèlement, M. Assad a reçu le nouveau secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi qui a dit que «personne n'a le droit de retirer sa légitimité à un dirigeant, car c'est le peuple qui décide».

Il faisait allusion aux déclarations de la Maison-Blanche et de la secrétaire d'État Hillary Clinton selon qui M. Assad «a perdu sa légitimité» et n'est en rien «indispensable». Les États-Unis ont dit aussi envisager de nouvelles sanctions contre M. Assad pour obtenir un arrêt de la répression des manifestations qui a fait plus de 1300 morts.

Le président américain Barack Obama a lui aussi mis en garde le pouvoir en Syrie après l'attaque lundi de la représentation diplomatique américaine à Damas, affirmant que M. Assad «perdait sa légitimité aux yeux de son peuple. Et il a raté occasion après occasion de présenter un réel programme de réformes».

Allant plus loin, le ministre français de la Défense Gérard Longuet a qualifié d'«indécent» le «blocage» de Pékin et Moscou, opposées au vote d'une résolution au Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie, où le régime répond à son opposition «à coups de canon».

La veille, le premier ministre français François Fillon avait estimé que l'incapacité du Conseil de sécurité à se mettre d'accord sur une résolution n'était «plus acceptable».

Quatre pays européens (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal) ont déposé depuis plusieurs semaines un projet de résolution du Conseil de sécurité condamnant cette répression et appelant à des réformes politiques.

Mais à Moscou, les Affaires étrangères ont estimé que «le dialogue national en Syrie» «est un pas important dans la mise en oeuvre des réformes démocratiques» et souligné «la capacité des Syriens à parvenir sans violence et sans ingérence extérieure à des décisions politiques consensuelles».