Des partisans du régime de Bachar al-Assad ont attaqué lundi après-midi les représentations diplomatiques des États-Unis et de France à Damas. Ils protestaient contre le déplacement jeudi des ambassadeurs américain et français à Hama (centre), où ont eu lieu ces derniers jours les manifestations les plus importantes depuis le début du soulèvement en Syrie il y a quatre mois.

Selon des témoins, plusieurs centaines de manifestants ont attaqué l'ambassade américaine, brisant des vitres et déployant un drapeau syrien sur le bâtiment. Ils ont également peint des graffitis antiaméricains, traitant notamment l'ambassadeur Robert Ford de «chien».

D'après des responsables américains, qui déplorent le manque de réaction des forces de sécurité syriennes, certains des assaillants sont parvenus à pénétrer dans l'enceinte de la représentation américaine. Ils ont infligé des dégradations à la résidence de l'ambassadeur, qui n'a pas été blessé, avant d'être dispersés par des gardes de l'ambassade.

On ne déplore pas de blessés.

Lundi après-midi, le Département d'État américain a formellement dénoncé ces attaques et compte demander une indemnisation pour les dégâts infligés. Sa porte-parole, Victoria Nuland, a notamment demandé à la Syrie de respecter ses obligations, dans le cadre des traités internationaux, afin de protéger les missions diplomatiques étrangères. Selon Mme Nuland, les forces de sécurité syriennes ont été lentes à réagir aux attaques des partisans de Bachar al-Assad qui, selon elle, ont été provoquées par une station de télévision fortement influencée par les autorités syriennes.

Par ailleurs, selon des témoins, des gardes de sécurité de l'ambassade de France dans la capitale syrienne ont tiré des coups de semonce en l'air pour repousser quelque 300 manifestants, qui ont jeté des pierres sur des vitres de la représentation diplomatique.

«Dieu, la Syrie et Bachar. Le pays qui a donné naissance à Bachar al-Assad ne se mettra pas à genoux», proclamait un graffiti inscrit devant l'ambassade. D'après un témoin, qui a requis l'anonymat, trois manifestants ont été blessés par des gardes de sécurité de l'ambassade intervenus à coups de bâtons.

«Pour la deuxième fois en deux jours, l'ambassade de France à Damas comme celle des États-Unis au même moment, a été la cible d'attaques et de vandalisme de la part de groupes bien organisés et cela devant des forces de sécurité syriennes manifestement peu empressées à faire cesser ces violences», a déploré, dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères.

Selon le Quai d'Orsay, les manifestants, qui sont parvenus à s'introduire dans l'enceinte de l'ambassade, ont tenté d'enfoncer les portes de la mission diplomatique française, brisé des fenêtres, détruit le véhicule de l'ambassadeur Éric Chevallier. Trois agents de la représentation diplomatique ont été blessés, ajoute le ministère.

«Devant la passivité des forces de l'ordre (syriennes), les agents de sécurité de l'ambassade ont été contraints d'effectuer trois tirs de sommation pour empêcher la multiplication d'intrusions dans le périmètre de l'ambassade», ajoute le Quai d'Orsay.

La France condamne avec la plus grande énergie de tels agissements qui contreviennent de manière flagrante aux obligations de la Syrie au regard du droit international.

Paris «rappelle que ce n'est pas avec de telles initiatives illégales que les autorités de Damas parviendront à détourner l'attention du problème de fond qui demeure la fin de la répression contre la population syrienne et la mise en oeuvre de réformes démocratiques». La France a de nouveau invité les autorités syriennes à «respecter et appliquer» ses engagements internationaux sur la sécurité des personnels et emprises diplomatiques, et la libre circulation des diplomates.

Robert Ford et Éric Chevallier ont été convoqués ce week-end par le ministère syrien des Affaires étrangères. Damas a accusé les diplomates de chercher à porter atteinte à la stabilité du pays en se rendant à Hama, et d'ingérence dans les affaires intérieures syriennes.

Hama, où ont eu lieu ces derniers jours les manifestations les plus importantes depuis le début du soulèvement il y a quatre mois, est une ville symbole de l'histoire syrienne. En 1982, la répression menée par le régime de Hafez al-Assad, père de l'actuel président, contre un soulèvement islamiste avait fait entre 10 000 et 25 000 morts.