Les États-Unis ont appelé mardi soir le régime syrien à retirer ses forces de l'ordre de la ville d'Hama (centre) où au moins 11 civils ont été tués par les autorités selon des ONG, et où la population redoutait un assaut de l'armée.

Washington a appelé «de façon urgente le gouvernement syrien à cesser immédiatement sa campagne d'intimidation et d'arrestations, à retirer ses forces de l'ordre d'Hama et d'autres villes».

À Londres, le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé que «la violente répression à Hama ne fera que saper un peu plus la légitimité du régime».

Sur le terrain, «11 personnes ont été tuées par les tirs de la sécurité syrienne et plus de 35 autres ont été blessés», a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, citant des sources médicales.

Théâtre vendredi d'une immense manifestation anti-régime, cette ville de 800 000 habitants, située à 210 km au nord de Damas, est cernée par l'armée qui a déployé des chars à ses portes, ont rapporté des militants des droits de l'homme.

«D'intenses coups de feu ont été entendus dans plusieurs quartiers», selon d'autres militants.

«Les chars sont postés aux entrées de la ville, à l'exception de l'entrée nord. Les habitants sont mobilisés, ils ont pris la décision de défendre jusqu'à la mort leur ville pour ne pas permettre à l'armée d'y entrer», selon M. Abdel Rahmane.

Lundi, trois personnes, dont un enfant, ont été tuées dans cette cité qui a vu, selon les militants, plus d'un demi-million de personnes descendre dans les rues vendredi pour dénoncer le régime du président Bachar al-Assad.

Lors de cette manifestation, aucune présence des services de sécurité n'avait été signalée et aucun protestataire n'avait été tué. Le lendemain, le gouverneur de la ville avait été limogé par décret présidentiel.

Par ailleurs, plus de 500 militants et manifestants ont été arrêtés ces derniers jours à travers la Syrie, secouée depuis bientôt quatre mois par un mouvement de contestation inédit.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres, a dénoncé la poursuite des détentions arbitraires malgré la levée de l'état d'urgence, le 21 avril dernier.

À Hama, «des habitants ont dormi dans les rues où ils ont érigé des barrières de sable et posé des pneus afin d'empêcher tout assaut» de l'armée.  «Les habitants de Hama sont pacifiques à 100%, le régime syrien doit réfléchir à deux fois avant de lancer une opération militaire dans cette ville», ont dit des militants.

Hama est depuis 1982 un symbole historique, après la terrible répression d'une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar, qui avait fait 20 000 morts.

Par ailleurs, dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), «les forces armées syriennes ont pris d'assaut» mardi à l'aube la localité de Kfar Noubol.

«Les chars sont déployés sur les carrefours et des tireurs embusqués sont postés sur les toits des maisons et des bâtiments gouvernementaux de la localité», selon l'OSDH.

Ces dernières semaines, Kfar Noubol a été le théâtre d'importantes manifestations appelant à la chute du régime.

À Damas, quelque 70 anciens et actuels députés se sont réunis mardi pour examiner des «issues à la crise».

C'est la troisième réunion politique de ce genre depuis plus d'une semaine. Dimanche, une centaine de personnalités proches du pouvoir se sont réunies pour réfléchir à «une troisième voie». Le 27 juin, une réunion a rassemblé une centaine d'opposants indépendants et d'intellectuels qui ont appelé à la poursuite du «soulèvement pacifique» jusqu'à l'avènement de la démocratie en Syrie.

À Paris, quelques 300 personnes ont assisté lundi soir à une réunion publique pour protester contre la répression en Syrie et soutenir l'opposition, une cause qui peine pour l'instant à mobiliser la société civile dans les pays occidentaux.

Pour leur part, les militants pro-démocratie ont appelé sur Facebook à une journée de «grève générale» jeudi dans tout le pays. «Nous appelons tous les habitants à observer une grève générale qui ébranlera le régime. Homs (centre), Hama, Deir Ezzor (est), toute la province de Damas et du Hauran (sud) ont déjà répondu présents», ont-ils écrit sur la page «Syrian Revolution 2011».

La répression du mouvement de contestation qui a éclaté le 15 mars dernier en Syrie, a coûté la vie à plus de 1300 civils et poussé des milliers de Syriens à fuir, selon des ONG.