L'OTAN a ouvert une enquête dimanche sur un bombardement à Tripoli qui, selon le régime libyen, a tué au moins neuf civils, dont cinq membres d'une même famille, après avoir reconnu la veille une bavure contre des forces rebelles dans le pays.

«L'OTAN examine cette affaire», a déclaré le porte-parole Mike Bracken. «L'OTAN menait des opérations à Tripoli la nuit dernière, procédant à des frappes aériennes contre une cible militaire légitime», a-t-il expliqué.

Une autre source au sein de l'OTAN avait auparavant précisé que les avions de l'Alliance atlantique avaient bien mené des raids sur Tripoli au cours des 24 dernières heures.

À Tripoli, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a déclaré à l'AFP que neuf personnes, dont cinq membres d'une même famille, avaient été tuées et dix-huit blessées dans un raid de l'OTAN sur un quartier résidentiel de Tripoli, dans la nuit de samedi à dimanche.

«Le bilan s'élève maintenant à neuf martyrs, dont cinq de la même famille, et dix-huit blessés», a déclaré le porte-parole du régime libyen. «Les quatre autres personnes ont été tuées alors qu'elles passaient devant l'habitation au moment du raid», a-t-il précisé.

«L'OTAN regrette profondément toute perte de vie civile au cours de cette opération et serait extrêmement désolée si les conclusions de l'enquête sur cet incident révélaient qu'il s'agissait d'une arme de l'OTAN», a ajouté le porte-parole.

Le porte-parole de l'OTAN a souligné dans un communiqué que l'Alliance prenait «au sérieux toutes les informations sur des pertes civiles» et qu'elle «continuerait à examiner les allégations (sur ces pertes) pour déterminer leur authenticité».

Le dernier bilan officiel quotidien publié dimanche par l'OTAN sur ses opérations indique qu'un bombardement de l'alliance a frappé samedi un centre de stockage de missiles sol-air à Tripoli, sans préciser quand exactement. Il mentionne aussi des frappes dans la région de Tripoli contre un centre de commandement et de contrôle du régime, deux dépôts de véhicules militaires, deux lanceurs de missiles sol-air, un lance-roquettes et quatre pièces d'artillerie.

Selon les autorités libyennes, un immeuble de deux étages, dans lequel résidaient cinq familles, a été détruit dans la nuit par un bombardement dans le quartier populaire d'Al-Arada, à l'est de Tripoli.

Le porte-parole du régime libyen Moussa Ibrahim a accusé l'Alliance atlantique de commettre des «barbaries» en visant «délibérément des civils».

S'il se confirmait que l'OTAN est responsable, il s'agirait de sa première bavure à Tripoli depuis le début de ses opérations. L'Alliance atlantique a pris le 31 mars les rênes de l'intervention internationale dans le pays, sous mandat de l'ONU, pour protéger la population civile de Mouammar Kadhafi.

Samedi, elle avait dû reconnaître avoir accidentellement frappé une colonne de véhicules des forces rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin. D'autres incidents du même type étaient déjà survenus dans le passé.

La colonne de véhicules militaires, comprenant des chars, a été identifiée dans une zone où les forces pro-Kadhafi venaient d'intervenir. Il a été considéré en conséquence qu'elle devait «être ciblée par les avions de l'OTAN», a expliqué l'OTAN.

Depuis le 4 juin, l'Alliance atlantique a recours à des hélicoptères français et britanniques pour mener des frappes plus précises que celles des avions, alors que, selon l'OTAN, les forces pro-Kadhafi s'installent dans des zones civiles.