L'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali voit dans son procès, qui s'ouvre lundi à Tunis, «l'illustration d'une justice des vainqueurs bâtie sur de fausses accusations», selon un membre de son entourage.

Ce procès, aux yeux de Ben Ali, champion de l'ordre et de la sécurité, «n'a pour but que de détourner l'attention des Tunisiens des troubles qui agitent le pays», a indiqué à l'AFP ce proche de l'ex-président s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Zine El Abidine Ben Ali s'est réfugié en Arabie saoudite après avoir fui le pays le 14 janvier à l'issue d'une révolte sanglante d'un mois qui a été réprimée au prix de 300 morts.

Depuis, il s'est fait très discret probablement en raison des restrictions des autorités saoudiennes qui avaient bien souligné en l'accueillant qu'il ne serait autorisé à aucune activité politique.

Les Saoudiens sont restés sourds aux appels des nouvelles autorités tunisiennes à extrader l'ancien président qui vit avec son épouse Leïla Trabelsi, sa fille Halima, 18 ans et son fils Mohamed Zine El Abidine, 6 ans.

Les autorités saoudiennes ont une longue tradition d'accueil pour les présidents et les dirigeants déchus dont ils n'ont extradé aucun. Le plus connu parmi eux est l'ancien dictateur ougandais Idi Amine Dada qui y est mort.

Devant le tribunal de première instance de Tunis, Zine el Abidine Ben Ali, ne sera jugé que pour une petite partie des 93 affaires instruites contre celui.

Lui et son épouse sont poursuivis, ensemble, à la suite de la découverte de faramineuses sommes d'argent et de bijoux dans un palais à Sidi Bou Said, près de Tunis. M. Ben Ali l'est aussi, seul cette fois, pour de la drogue et des armes retrouvées dans le palais présidentiel de Carthage.

Pour sa défense, l'ex-président nie en bloc, selon le membre de son entourage, avoir eu connaissance de la présence de drogue au palais de Carthage.

Il affirme, selon la même source, que les armes et les bijoux trouvés dans un autre palais étaient des cadeaux de dirigeants étrangers à sa personne et à son épouse et récuse d'avoir caché des sommes en liquide que les autorités tunisiennes disent avoir découvertes.

Pour lui, il ne s'agit ni plus ni moins que de «preuves fabriquées» pour le faire condamner, selon cette personne qui lui est proche.

L'ancien président espère malgré tout que «justice lui soit rendue par ses concitoyens avec lesquels il a fait un chemin de 23 ans», selon cette source.

Ces déclarations recoupent la ligne qui sera adoptée probablement par la défense de l'ancien président qui a été la première à s'exprimer en son nom le 6 juin.