Les rebelles libyens ont enregistré un nouveau succès diplomatique avec la rencontre entre le président du CNT, leur organe politique, et un diplomate chinois, au moment où le Congrès américain exhorte Barack Obama de s'expliquer sur les opérations militaires en cours.

L'ambassadeur de Chine à Doha, Zhang Zhiliang, a rencontré ces derniers jours Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT), a annoncé vendredi le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei.

«Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur la situation en Libye», a déclaré M. Hong, répétant que Pékin espérait que la crise pourrait «être résolue par des moyens politiques et que l'avenir de la Libye (serait) décidé par le peuple libyen».

Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU avec droit de veto, la Chine s'était abstenue lors du vote en mars ouvrant la voie à des frappes aériennes contre la Libye et a depuis appelé maintes fois à un cessez-le-feu.

La Russie avait adopté une position similaire lors du vote à l'ONU, mais elle s'est depuis résolue à réclamer comme les Occidentaux le départ du colonel Mouammar Kadhafi.

En dépit de ces appels, des multiples défections de dirigeants politiques et militaires et des raids quotidiens des avions de l'OTAN, le Guide libyen refuse d'abandonner un pouvoir qu'il détient depuis près de 42 ans.

«Nous voulons Kadhafi et sa famille hors de Libye!», lançait encore vendredi place de la Révolution à Benghazi le vice-président du CNT.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Tripoli a été à nouveau bombardé par les chasseurs de l'OTAN, en particulier le secteur de la résidence du colonel Kadhafi.

Mais plus de deux mois après le début le 19 mars des opérations, chapeautées depuis le 31 mars par l'Alliance atlantique, le Congrès américain doit se prononcer vendredi sur un projet de résolution demandant des comptes au président Barack Obama.

Le texte stipule que le président doit fournir sous 14 jours un rapport expliquant en particulier pourquoi il n'a pas demandé au Congrès son feu vert avant de lancer les opérations, et détaillant «les objectifs politiques et militaires des États-Unis» en Libye.

Le projet de résolution demande également une estimation de la durée, de l'ampleur et du coût des opérations prévues par le commandement américain.

Face à la résistance du régime du colonel Kadhafi, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé mercredi une prolongation pour trois mois de la mission de l'Alliance en Libye, prévue initialement jusqu'à fin juin.

Lancées à la mi-février dans la foulée des soulèvements en Tunisie et Égypte voisines, l'insurrection libyenne et sa répression par le régime a fait entre «10 000 et 15 000 morts», selon une compilation de l'ONU.

Paris a salué vendredi le rapport de l'ONU sur la Libye qui «confirme l'extrême gravité des violations des droits de l'Homme» commises par le régime de Mouammar Kadhafi, tout en notant les «préoccupations» du rapport sur l'opposition.

Au bilan des combats s'ajoute la catastrophe humanitaire, avec encore quelque 200 migrants africains et asiatiques morts noyés jeudi alors qu'ils tentaient de gagner l'Italie sur un bateau de pêche surchargé.

Les corps d'au moins 120 d'entre eux ont déjà été récupérés et entreposés à la morgue de Sfax (sud de la Tunisie), a déclaré vendredi à l'AFP un responsable du Croissant-Rouge tunisien sur place, Moez Barkallah.

Près de 600 migrants ont pu être secourus du bateau en perdition et 400 d'entre eux devaient être transférés par les militaires tunisiens dans un camp de réfugiés, selon l'Organisation internationale des migrations.

La garde maritime tunisienne a toutefois démenti avoir repêché vendredi des corps de migrants, affirmant avoir récupéré «seulement deux corps» jeudi.

Plus de 890 000 personnes, essentiellement des travailleurs migrants, ont fui les violences en Libye, et 1.200 sont mortes ou portées disparues après avoir tenté de rejoindre l'Europe en bateau, selon l'ONU.

Les États-Unis ont par ailleurs critiqué l'attitude du Qatar, qui a expulsé vers la Libye une Libyenne qui accuse des hommes du régime Kadhafi de l'avoir violée, se disant «très déçus».