L'opposition syrienne réunie depuis mercredi à Antalya, en Turquie, a exigé une «démission immédiate» du président syrien Bachar al-Assad et appelé à des élections parlementaires et présidentielle libres en Syrie.

Les délégués réunis dans la cité balnéaire turque d'Antalya «appellent à une démission immédiate du président Bachar al-Assad de toutes les fonctions qu'il occupe» et demandent qu'il «lègue ses pouvoirs à un vice-président», sans dire lequel, selon une déclaration commune en arabe lue par un participant.

Les opposants réclament en outre «la tenue d'élections parlementaires et présidentielle libres et transparentes dans un délai qui ne dépassera pas un an» après la démission de M. Assad, souligne le document accueilli avec une salve d'applaudissements.

Les militants de l'opposition s'engagent par ailleurs «à faire tout ce qu'il leur incombe pour faire chuter le régime» syrien.

Le «Congrès pour un changement en Syrie» a également adressé un important message à la communauté internationale qui fait pression sur le régime de Damas pour des réformes politiques, en s'opposant à «toute intervention étrangère» comme celle en Libye.

«Tout doit être fait pour préserver l'unité et l'intégrité territoriale de la Syrie», poursuit le document qui appelle à la création en Syrie d'un conseil intérimaire chargé de rédiger une Constitution plus libérale et démocratique.

«La Syrie de l'avenir sera un État de droit, respectueuse des droits de l'Homme et bâtie sur la séparation des pouvoirs», souligne en outre la déclaration commune.

Depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations de contestation du régime, quelque 1100 personnes ont été tuées dans la violente répression menée par les forces de sécurité syriennes, souligne l'opposition.

Les quelque 300 opposants et militants, pour la majorité exilés à l'étranger, aux États-Unis, en Europe, mais aussi arrivés de Syrie, qui se sont retrouvés dans un hôtel de luxe d'Antalya pour une première réunion de cette ampleur, ont rejeté l'amnistie générale proclamée mardi soir par M. Assad.

L'objectif du congrès d'Antalya, selon les organisateurs, était de mettre au point «une feuille de route» pour une transition démocratique et pacifique en Syrie.

L'agence officielle syrienne Sana a annoncé mercredi que le président Assad avait ordonné la création d'une commission chargée d'établir le cadre d'un dialogue national.

«C'est Bachar al-Assad qui va avoir besoin d'amnistie car il a tué son peuple», a prédit Moulhem al-Droubi, porte-parole des Frères musulmans, présent à Antalya.

Les délégués ont aussi élu un comité consultatif de 31 membres, chargé de «venir en aide» à la résistance non violente, d'organiser la mobilisation internationale, les poursuites judiciaires contre le pouvoir syrien ainsi que le soutien financier.

«Les gens mettent leur vie en danger pour assurer l'avenir de la Syrie. Notre devoir est de leur apporter un soutien politique et logistique», a souligné M. Droubi.

«Nous essayons d'apporter un soutien logistique, d'équiper les militants de caméras pour documenter les crimes commis par le régime afin de les montrer à la communauté internationale et éventuellement de saisir la justice internationale», a-t-il expliqué.

Une cinquantaine de manifestants favorables à Bachar al-Assad, brandissant des posters du président syrien, ont manifesté jeudi à environ 300 mètres de l'hôtel où avait lieu la conférence des opposants, les accusant de «ne pas représenter le peuple de Syrie».

La police turque, déployée en nombre, les a tenus soigneusement à distance de l'hôtel.